La programmation des « Inaccoutumés », à l’occasion de leur nouvelle édition automnale, n’hésite pas à mêler les genres – danse, théâtre, musique – et effacer la distinction communément reçue entre amateurisme et professionnalisme.
Contre-pied
Imaginé par Olivier Vayssié en collaboration avec Olivia Grandville, le spectacle « Coproud » prend à contre-pied la distinction traditionnelle entre amateurisme et professionnalisme. Amateur sans légitimité chorégraphique, Olivier Vayssié fait irruption sur la scène et invite Olivia Granville à former un duo, en apparence dépareillé.
Référence directe au cinéma allemand, « Fassbinder/Aubervilliers » se présente sous la forme d’un long-métrage présenté sur scène devant un public de théâtre. Initialement conçu sous forme de série quotidienne pour le CDN d’Aubervilliers, cette création réalisée par Maxime Kurvers entend faire voir et comprendre les divers types de conflits humains, esthétiques et stylistiques.
Si « Cochlea. Une histoire intime à nos oreilles », spectacle conçu par Maguelon Vidal et mis en scène par Eva Vallejo, veut nous faire dans l’intimité de l’écoute musicale, la création d’Anna Gaïotti, « Plus de Muse Mais un Troupeau de Muets », donne à voir un spectacle où la danse rend plus présentes et sensibles des situations ou des intentions extrêmes. Tel cet homme dont le rêve absolu n’est autre que de coloniser des déserts et ne rencontre que des paysages dévastés par la guerre.
Chorégraphies hybrides
« Data_Noise », conçu par Kasper T. Toeplitz, chorégraphié et interprété par Myriam Gourfink, ne se présente pas comme une chorégraphie musicale mais un spectacle musical, plus précisément de musique électronique jouée en direct, qui recourt à la danse pour créer des sons. D’une danse lente doit naître l’instabilité de l’exécution musicale pour faire se rencontrer corps dansant et musique.
Alors que la création de Lorenzo De Angelis, « De la force exercée », met en scène trois solos pour faire, chaque fois et successsivement, l’expérience d’un rapport au monde radicalement différent, « Le piège à loup » de Sophie Perez et Xavier Boussiron est une fable originale empruntant à la fois à Daktari et La Fontaine. Mettant en scène un dompteur qui ne peut plus exercer son métier puisque tous les animaux sont morts, il se voit obligé de dompter les choses pour démontrer la maîtrise de son art.
Enfin, la création d’Antonija Livingstone et Nadia Lauro, sur une musique de Brendan Dougherty, fait revivre la pratique sociale oublié du banquet. Sous le titre « Etudes hérétiques 1-7 », ce spectacle est une véritable polyphonie destinée à favoriser le partage de la sagesse et d’une culture citoyenne, et la chorégraphie rend compte ici de cette nécessité du partage.