L’exposition « Les îles » à la galerie Camera Obscura, à Paris, présente des photographies de Jean-François Spricigo issues de diverses séries. Des clichés qui se veulent autant d’îles, des parties immergées et visibles d’un monde qui est un tout.
Jean-François Spricigo, une vision empathique du monde
Les photographies de Jean-François Spricigo sont portées par une vision empathique du monde et des autres. Leurs sujets ne suivent aucune logique thématique ni ne recherche une récurrence. Leur seul but est de saisir des formes soudainement figées qui révèlent des forces plus profondes et invisibles qui sont celles du monde. Des états de conscience et des moments fugaces où l’on a accès à l’existence des autres.
Dans les photographies de Jean-François Spricigo, les sujets, humains ou animaux en grand nombre, ne sont que très rarement identifiables. Ici une silhouette se découpant en contre-jour laisse deviner un homme, là un autre homme, photographié de face, torse nu, voit les contours de son corps et plus encore son visage floutés. Deux fillettes photographiées en noir et blanc sont cadrées de telle façon que l’on ne voit que la moitié du visage de chacune. Dans la photographie d’une femme assise dans l’herbe, la focalisation porte sur deux petits chiens s’ébrouant au second plan, laissant le premier plan dans le flou.
« Les îles » : des bribes de réel
Imperfections et accidents photographiques nourrissent en effet la démarche de Jean-François Spricigo qui y voit le moyen de saisir des réalités qui ne peuvent être perçues selon des données techniques et quantifiables : la beauté, les émotions, les sentiments… L’incident est par ailleurs pour lui une ouverture sur des voies que la raison seule n’aurait pas prévues. La pratique photographique de Jean-François Spricigo est un art de l’imprévu, la quête de bribes d’un réel formant des îles que sa sensibilité et son regard relient en un ensemble unifié.