Sans jouer la carte du foisonnement, l’accrochage de Damien Cadio rythme les salles en séquence rapide, négligeant les pauses ou les murs en réserve. Ses tableaux de petits formats découpent les cimaises à intervalle régulier et sont chacun suffisamment prégnant pour résister à l’ensemble du corpus.
Car le corpus de l’artiste est une véritable machine à images. Il les puisent dans les sujets du quotidien, depuis des photographies ou depuis les banques d’images nichées sur Internet. Sans autre règle apparente que la multiplication.
Sans non plus s’affranchir du modèle : Damien Cadio traite l’image avec application, avec affection même. Il peint le mauvais tirage, le mauvais cadrage, la surexposition, l’obscurité excessive, l’innocuité de certaines scènes.
Damien Cadio nous fait transiter du bon sentiment à l’imagerie gore, de l’insolite à la scène de genre. Avec lui, le sujet n’a pas de valeur en soi. Il ne sert qu’à circonscrire un univers bardé de références personnelles ou au contraire suffisamment neutres pour être universelles, flirtant ainsi avec le mystère et l’indétermination.
Une peinture qui ne se livre pas et même, à bien la regarder, qui s’éloigne de l’instantanéité qu’elle semblait dans un premier temps promouvoir.
Pas de furie donc. Les couleurs sont brunes et plutôt retenues. Les sujets parfois en bord-cadre ou complètement désaxés participent de cette «obscurité» suggérée, de cette énigme permanente et quasiment «atmosphérique». D’ailleurs, la force de Damien Cadio réside précisément là , lorsque l’inquiétante étrangeté de sa peinture double son inquiétante tranquillité.
Damien Cadio
— Untitleded, 2007. Huile sur toile. 30 x 24 cm.
— Carboglass, 2007. Huile sur toile. 30 x 40 cm.
— Motherfucker, 2007. Huile sur toile. 40 x 30 cm.
— Roulette, 2007. Huile sur toile. 24 x 30 cm.
— Buffalo Demon, 2008. Huile sur toile. 24 x 30 cm.
— On résiste, ne respire plus, 2008. Huile sur toile. 24 x 30 cm.
— Morse, 2008. Huile sur toile. 24 x 30 cm