ART | EXPO

Les filtres harmoniques

01 Déc - 05 Jan 2013
Vernissage le 01 Déc 2012

Andrew Lewis développe un art hybride, poétiquement architectural, à mi-chemin entre réalité et science-fiction. Il s’attarde sur les évolutions sociales et technologiques, mais aussi sur l’évolution du temps en tant qu’élément à part entière. Le temps devient alors une sorte de fil conducteur dans la narration artistique.

Andrew Lewis
Les filtres harmoniques

«Nous sommes tous des générateurs électriques. C’est grâce à la chimie électrique que nous pouvons penser».
Andrew Lewis

Qu’ils soient électriques, génétiques ou sociologiques, tous les réseaux stimulent Andrew Lewis; l’alliance de tous ces réseaux a déclenché cette nouvelle série de peintures. Personnage énigmatique et surprenant, Andrew Lewis, architecte de formation, ne se sépare jamais de sa lourde besace, «véritable atelier portatif» comme le soulignait Hans Ulrich Obrist dans un entretien avec l’artiste. Il développe un art hybride, poétiquement architectural, à mi-chemin entre réalité et science-fiction. Il s’attarde sur les évolutions sociales et technologiques mais aussi sur l’évolution du temps en tant qu’élément à part entière. Le temps devient une sorte de fil conducteur dans la narration artistique, il navigue et connecte les œuvres et les époques entre elles, mais en rappelant que cette connexion va inévitablement amener une compression du temps. Les époques s’interpénètrent, les différentes évolutions techniques et l’avènement du progrès se rencontrent, l’univers devient un espace temps à la fois multiple et harmonieux.

Cette exposition repose sur des allégories qui sont le fruit de nouvelles relations entretenues entre le Temps et l’Histoire. Andrew Lewis conjugue l’histoire et l’évolution au même temps. Prenons par exemple la peinture Chez Elizabeth Wydville, la jeune femme, une descendante de la première femme roturière à avoir épousé un monarque anglais (Edward IV de la Maison d’York), est confortablement assise dans un paysage aux allures bucoliques, sorte de nouvelle Arcadie; elle regarde une sculpture pour le moins étrange voire anachronique, sculpture dans laquelle se trouve une petite fenêtre. L’anecdote ne s‘arrête pas à la simple mise en parallèle de l’évolution morale de la monarchie anglaise, de l’évolution des mœurs, de la technologie, c’est une sorte de mise en abîme de l’histoire qui sert à nous montrer l’évolution universelle tout en insistant sur le caractère invariable de certaines qualités, certains épisodes.

Dans ses peintures aux traits doucement naïfs voire maniéristes, Andrew Lewis développe cette idée de l’interaction entre les personnages aussi bien humains que sculptés et leur environnement immédiat créant ainsi une dynamique de groupe. Ses œuvres montrent les innovations et l’ingéniosité que nous avons mises en place pour nous adapter et croître au sein de notre société, qui de fait s’est mise à fonctionner comme un organisme abolissant les privilèges, cassant les codes qu’elle avait aimé créer peu de temps auparavant.

Andrew Lewis tente de réaliser une synthèse originale: transposer en peinture des personnages calmes et hiératiques interagissant avec le temps qui, lui, passe, bouge, évolue. Ses personnages rappellent ceux de Robert Musil, ces hommes et ces femmes sans «qualités» évidentes, qui débarrassés des scories de leur milieu et de leur époque deviennent réceptifs aux expérimentations et agissent comme une sorte de polyconscience transhistorique.

En flottant dans l’espace de la galerie, ces peintures, ces filtres harmoniques deviennent des «vaisseaux de pensée» comme l’explique Andrew Lewis; ils distillent pensée et réflexion et contractent le temps. Chacun de ces filtres harmoniques est en quelque sorte un tabernacle de l’histoire qui devient le récipient de la continuité, de l’adaptabilité et de la connectivité.

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