Géraldine Lay
Les failles ordinaires
Sous le titre «Les failles ordinaires», reprenant celui d’une de ses séries, cette exposition propose un regard transversal à travers différents travaux réalisés entre 2005 et 2011. Elle a pour ambition d’amener à la surface la singularité de la démarche de cette photographe, ancienne élève de l’Ecole Nationale de la photographie d’Arles.
Son œuvre est le résultat d’une pratique régulière presque quotidienne. Munie d’un petit appareil léger et compact qu’elle emporte partout et garde sur elle en permanence, elle est à la recherche de «petits événements». Dans son quotidien, dans ses déplacements, lors de voyages ou simplement au cours de promenades, elle guette des petits faits, des gens, des lieux, qui décideront de la photographie.
Des conditions de lumières particulières, des scènes souvent anodines, la guident et appellent une photographie. Elle photographie au hasard des rencontres, sans préméditation, sans mise en scène. Et même si elle se raconte des histoires en regardant ce qui se déroule devant elle, le présent suspendu de l’image fige le secret de leur apparition. Ces rencontres entre un état du monde fragmentaire et les glissements (de sens) du souvenir ou de l’imaginaire, produisent cette impression de mise en scène. Dans une production massive, certaines de ces images prennent corps, sortent du lot, lorsque l’opération photographique développe un mystère, un moment de suspension dans le temps, restitue une dose de «douce étrangeté».
Dans sa série «les failles ordinaires», Géraldine Lay s’est régulièrement rendue dans les pays du nord de l’Europe: Finlande, Suède, Norvège, Écosse, Danemark, ainsi qu’à Paris et Beauvais. Elle avait l’impression d’être à la fois dans un univers familier mais aussi d’être plongée dans un monde étrangement extra-ordinaire. Cette série est un mélange de portraits, d’objets trouvés et de paysages. Elle photographie les passants comme s’ils étaient les acteurs d’une scène, les lieux comme s’ils étaient des décors de cinéma. Rien ne relie les villes qu’elle a parcourues, seul son imaginaire construit entre elles, un récit improbable, une autre fiction. Les passants semblent jouer une pièce indéterminée, comme si chacun se mettait à vivre un songe fugitif. Sa photographie parle aussi de l’histoire propre de la rencontre entre l’artiste et la ville, du moment où se révèle l’étrangeté d’une ville quand on la découvre.