Présentation
Michel Kirch, Christian Noorbergen
Les éveillés
Les photographies de Michel Kirch sont réalisées à partir de plusieurs images assemblées. Sa maîtrise des logiciels informatiques le libère des contraintes du hasard et permet de préciser l’intention d’un nouveau réel, intérieur et subjectif.
Ces œuvres sont celles d’un plasticien plus que d’un photographe puisque c’est le conscient qui prend le relais sur l’image à la façon d’un peintre. La profondeur des noirs et la luminosité des blancs sont alors la seule concession à une esthétique intrinsèque.
Le thème des Éveillés présente une forme d’aboutissement dans l’œuvre de Michel Kirch. Sur le plan formel, tout ce qui a été esquissé, exploré précédemment, y est ici affirmé, confirmé dans une géométrie plus rigoureuse que jamais. Le plus souvent, un personnage unique s’y déploie dans un paysage dont il constitue la ponctuation, et dont le rapport débouche sur le sens.
«Il y a chez Michel Kirch une opacité première, d’allure nocturne, peut-être le vide de l’infini est-il du côté de l’opacité… Peut-être que tout naît de ce grand vide initial, y compris la dimension mystique de l’œuvre, considérable. Surgissent de vibrantes clartés. Des déchirures de lumière. Elles affrontent. Ne semblent pas d’origine. Ces lueurs sont des passerelles, comme s’il s’agissait de traverser l’opacité, et de donner enfin la vie. Un être-spectateur assiste aux éveils du monde… Toujours, ou presque, on voit cet être en attente, cet être seul, immobile ou en mouvement, qui semble insignifiant. Mais qui est tout puissant par cette infinité qui le fascine, qu’au bord de l’effroi il contemple, et qui le dépasse.
Dans l’œuvre intemporelle de Michel Kirch, apparaît le symbole d’un seuil à franchir… Qui donnerait passage à une autre dimension, à un autre seuil… Le monde n’est jamais fini, et l’artiste l’accomplit. Hors d’époque, et cependant profondément de notre temps, Michel Kirch le veilleur est aussi un émerveilleur. Un créateur de vastitudes.
Dans ses toujours grandioses paysages, souvent arides, règne une puissante scénographie de désordre vital, un trouble initiatique, un chaos d’avant toute organisation qui fossiliserait les choses, chaos porteur qui d’avance les bousculerait à tout jamais. Avec des épreuves à traverser, des voies, des passerelles, et de silencieux appels. Un être nu dans la nudité du paysage.
La relation corps-paysage naît de la séparation de l’homme et de l’univers, quand l’art interroge tout ce qu’il manque à l’homme… La relation corps-paysage, par le jeu des plans, piège toute norme spatiale, toute référence et toute structure mentale établie. Les dualisme qui font la normalité s’effacent proche-lointain, présence-absence, immense infime, masculin-féminin, tandis que Michel Kirch, lui, navigue librement dans ses fabuleux no man’s lands.»
Christian Noorbergen
Sommaire
— Les éveillés, par Michel Kirch
— Les veilles de l’univers, par Christian Noorbergen
— Le seuil innombrable
— Passeurs d’immensité
— La voie
— La nuit minérale
— Les désastres
— Chaque œuvre est un tressaillement
— Entretien au musée de la Cour d’Or
— Parcours
— Principales expositions
— Principales publications
— Liste des œuvres
— Version anglaise