L’exposition se développe sur les deux niveaux du centre d’art et présente ainsi deux espaces bien distincts, « deux ambiances qui font basculer du jour vers la nuit, du diurne au nocturne ». Transportant le visiteur de l’Amazonie au Japon, Mai-Thu Perret renouvelle en son sein l’architecture moderniste du bâtiment, s’écartant momentanément du décor portuaire et industriel havrais.
Mai-Thu Perret. Des nymphéas tropicaux
Au premier étage, dix grandes feuilles de nénuphars en céramique sont dispersées au sol comme sur l’eau dormante d’un étang. Inspirées des nénuphars géants d’Amérique du Sud, ces réalisations renvoient également aux Nymphéas de Claude Monet. À la différence de son aîné, Mai-Thu Perret ne s’attache pas à retranscrire l’impression visuelle que permet leur observation réelle. Par le biais d’une multitude de couleurs, elle souligne l’artificialité de leur représentation en recourant à une technique autrement plus ancienne : la céramique. Comme l’indique le rideau de scène présent dans l’exposition, Mai-Thu Perret fabrique et façonne une nature factice dont elle souligne l’inévitable mise en scène.
Mai-Thu Perret. Une poétique de la lumière
Au second étage, Mai-Thu Perret plante un nouveau décor. Le visiteur lève cette fois les yeux au plafond d’où sont suspendues des boules japonaises en papier, peintes par l’artiste pour former un ciel parsemé de nuages et de lunes. Mais ce paysage céleste est poétique répond d’une scénographie électrique, à la faveur d’une nature là encore muséalisée. Cet espace accueille également une sculpture en céramique en forme d’interprétation abstraite du bâtiment de la scène nationale du Havre — Le Volcan ––, réalisé par l’architecte et designer brésilien Oscar Niemeyer en 1982. Cette recréation du monument renvoie au chantier de rénovation de l’édifice qui s’est déroulé entre 2011 et 2015. Plus encore, « l’intimité et la chaleur [de la] lumière artificielle » de l’environnement ne sont pas sans rappeler celle qui chaque nuit éclaire le Volcan de l’intérieur.