Présentation
Collectif
Les Entreprises Critiques
L’ouvrage présenté fait le point sur ces entreprises d’artiste, des années soixante à nos jours. La réalité économique ayant pénétré l’art et s’étant glissée dans la sphère esthétique a réussi à intégrer ses répertoires.
De fait, si l’art s’intéresse à l’économie, l’économie n’est pas indifférente aux spécificités de l’art.
Pour se préparer au passage annoncé de l’économie du savoir vers l’économie de la créativité, les entreprises du monde entier misent sur l’intuition, le concept et l’innovation, découvrant dans l’artiste un exemple digne d’inspiration.
De leur côté, les artistes n’ont pas attendu d’être remarqués par les entreprises pour mener une incursion dans leur univers et le décortiquer pour en faire de l’art.
Ainsi surgissent, depuis environ un demi-siècle, des entités hybrides qui existent comme « sociétés » ou « firmes » tout en affirmant leur présence dans le milieu artistique et leur rattachement à l’expérience esthétique. L’appellation « entreprises critiques » paraît appropriée pour désigner cette démarche audacieuse, qui prône une approche manifestement transversale en mesurant l’art aux réalités économiques, et plus particulièrement aux phénomènes relevant de sa structure centrale, l’entreprise contemporaine.
Lain Baxter
Cela fait quarante et un ans, en 1966, que j’ai constitué et fondé N.E.Thing Co à Vancouver, en CoLombie-Britannique. Puis en janvier 1969, L’entreprise (company) était portée au registre des Compagnies de CoLombie-Britan nique comme N.E.Thing Co Ltd. (pour Limited, équivalent de la responsabilité Limitée des sociétés françaises, ndt). [Les articles décrivant L’objet de la société pour son enregistrement étaient tes suivants : (1) produire de (information sensible; (2) fournir un service de consultation et d’évaluation ; (3) produire, manufacturer, importer, exporter, acheter, vendre et par toutes les façons s’occuper de toutes sortes de choses.]
Il semble qu’aujourd’hui, les raisons qui m’ont conduit alors à m’enregistrer sont plus que jamais d’actualité, si j’en crois le nombre d’artistes et de groupes qui choisissent de prendre La forme de l’entreprise. Au-delà des différences de contexte à quarante années de distance, il apparaît surtout que l’artiste moderne n’a pas cessé de radicaliser son attitude vis-à -vis de la société et de La technologie.
Dans Les années 60, La figure de l’artiste était encore une figure héroïque dont te nom propre comme l’attitude individuelle et La signature étaient constitutifs. Il y a sans doute là , je crois, un héritage du système des Beaux-arts européen relancé dans Les années 50 en Amérique par te succès de l’Expressionnisme Abstrait.