Marine Joatton
Les encombrants
Les bêtes de Marine Joatton ne sont plus des poissons qui nagent dans l’eau, des serpents qui rampent sur la terre, des oiseaux qui volent dans l’air. Elles sont devenues d’autres animaux pour un autre élément, un élément inconnu sur la terre. Comme si Marine Joatton était en train de faire naître de nouveaux animaux et d’inventer un nouvel élément.
En les faisant s’entre-dévorer et s’entre-accoupler*, Marine Joatton les fait se reproduire et se multiplier en une infinité de combinaisons jusqu’à faire naître une nouvelle espèce animale dans laquelle se trouvent tous les animaux réduits ou grossis à la même taille. Il n’y a plus de petits animaux comme la souris ni de gros animaux comme l’éléphant. Pour les faire entrer les uns dans les autres et les faire s’accoupler entre eux, Marine Joatton modèle tous ses animaux à la même échelle, comme si le monde dans lequel elle les fait exister ne comportait plus d’espace pour des animaux plus petits ou plus grands, mais un seul espace pouvant contenir toutes les tailles. Ces animaux ne sont plus petits ou grands pour occuper les distances les plus lointaines ou les plus proches de l’espace, ils n’ont qu’une seule taille, comme il n’y a qu’une seule taille humaine, parce qu’ils sont parvenus, dans leur nouvel espace, à se projeter à toutes les distances comme l’homme avec ses yeux se projette à l’infini.
Comme si les nouveaux corps des animaux nouveaux de Marine Joatton étaient des yeux capables de grossir et de réduire le monde infiniment, des yeux ouverts sur l’espace sans fin des yeux voyants de Marine Joatton