Au croisement entre art et design, certains projets interrogent les formes, les attitudes ou les postures du quotidien. Sous l’enseignement de l’Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, Marcher sur ses meubles de Julie Arrivé, invite ainsi à un nouveau rapport à l’espace, loin de notre perception habituelle. À une autre échelle, le projet d’Emilie Voirin, de l’Ecole des arts décoratifs de Paris, tisse de nouveaux liens entre gestes et objets par le filtre du silence, dans une dimension poétique et sensorielle.
Conscients de la fragilité de nos ressources naturelles, certains étudiants s’attachent plus particulièrement à la valorisation de matériaux respectueux de l’environnement. Dans un projet global envisageant tant les qualités du matériau en lui-même que le cycle de recyclage du produit, Benjamin Pawlica de l’école Pivaut de Nantes imagine une collection de chaussures entièrement recyclables, en latex pur. Gwénaëlle Girard des Arts décoratifs de Paris, redessine, quant à elle, les formes issues des techniques de la vannerie dans une gamme de mobilier en châtaigner, réalisée en partenariat avec un artisan.
L’intégration dans nos modes de vie de ressources énergétiques renouvelables est une autre question environnementale abordée par Olivier Gassiès, dans le cadre d’un Master à l’ENS de Cachan. Il propose à côté d’un luminaire à fibre optique utilisant des sources d’énergie mixtes, une desserte se substituant aux chargeurs électriques traditionnels, fonctionnant à l’énergie solaire. Dans un même souci d’adapter nos comportements au vu de nécessités environnementales, le projet d’Alix Petit, de l’école Boulle, vient signaler la qualité de l’air que nous respirons dans nos intérieurs par un objet non alarmiste, discret et esthétique.
D’autres projets s’affirment par leur singularité. La collection Do Pirate de Mathieu Maingourd, de l’Ecole des beaux Arts d’Angers consiste en une série d’objets parodiques, imitations burlesques d’icônes du design construites à partir de matériaux pauvres ou rudimentaires. Parmi les objets ainsi « hackés », le vase Square (1999) de Ronan et Erwan Bouroullec, la bouteille Water (2001) de Ross Lovegrove, ou encore l’étagère Slide 2 (1970) de Shiro Kuramata.
À côté des projets de diplôme, deux ensembles représentent l’Ensci, l’Ecole nationale supérieure de création industrielle. L’un, sous la tutelle de François Azambourg, « Chaise et Collection », décline le travail de la matière sous forme de gammes, dans un processus narratif ; l’autre, dirigé par Jean-François Dingjian, interroge les usages liés au déplacement sur le thème « porter/transporter », repensant les principes fonctionnels et esthétiques du sac dans un langage actuel.
Au vu de la diversité des projets et des écoles représentés, s’inscrit en filigrane l’idée que le design revêt au cœur même de son apprentissage différentes définitions, qu’il est une discipline transversale qui interroge de nouvelles réalités tout en continuant de développer des problématiques traditionnelles. L’année de diplôme étant pour les étudiants l’occasion d’approfondir ces questionnements et d’affirmer un engagement personnel.
— Mehdi Moujane, luminaire de la collection J’irai dormir au bois du Four, 2008. Ecole nationale supérieure de création industrielle – Les Ateliers.
— Julie Arrivé, Marcher sur ses meubles, 2008. Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg.
— Benjamin Pawlica, Cyclic shoes, 2008. Ecole Pivaut.
— Gwenaëlle Girard, En boucle, mobilier et corbeille, 2008. Ecole nationale supérieure des arts décoratifs de Paris
— Olivier Gassies, Leave me, desserte pour recharger ses objets nomades, 2008. Ecole nationale supérieure de Cachan
— Mehdi Moujane, assise en bois debout, collection J’irai dormir au bois du Four, 2008. Ecole nationale supérieure de création industrielle – Les Ateliers
— Marion Pinaffo, sac sur le thème « Porter-transporter », 2008. Ecole nationale supérieure de création industrielle – Les Ateliers