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Les Dustcollectors

Originaire des Pays-Bas, Sebastiaan Straatsma ne pouvait ignorer les faïences blanches et bleues présentes dans tous les décors flamands traditionnels. C’est donc à partir d’un grand vase couvert de Delft que le designer crée sa première série Dustcollectors, en 2006. Inspiré d’abord par le fameux décor néerlandais puis par les décors japonisants, il s’émancipe rapidement de la tradition pour concevoir ses propres ornementations au gré de sa fantaisie.

Son matériau de prédilection est la résine epoxi. Le moule utilisé reste basé sur les formes classiques pots couverts, vases à long col, vases globulaires… mais les motifs changent. Ici des cerisiers en fleurs déployant leurs branches sur toute la largeur du vase, des trous multicolores, des vases-cages peuplés de papillons, là un grand modèle surmonté du personnage de Pikachu… La profusion décorative pose une question simple : à quoi servent ces vases, lorsqu’ils ne sont pas ou plus destinés à accueillir des bouquets de fleurs? Des nids à poussière! Le designer se propose de leur offrir une nouvelle jeunesse, en réfléchissant à l’adéquation entre le décor et la fonction de l’objet.

Sa nouvelle série Manga / Dai Kaiju, produite pour la Tools Galerie, fait appel à d’autres souvenirs: les héros de notre enfance, les mangas japonais, les kaijus, ces monstres du cinéma japonais dont le plus célèbre est Godzilla. Neuf vases de différentes tailles sont exposés actuellement dans la galerie, six autres les rejoindront plus tard. Les formes sont toujours aussi classiques, contrastant avec les couleurs presque criardes du décor.

Sebastiaan Straatsma nous transporte ici dans un imaginaire plein d’onomatopées dignes des plus belles bagarres de bandes dessinées ou de dessins animés avec les vases Aaarghhhh! et Whack. Robby le robot, Astroboy ou Godzilla deviennent les boutons de préhension des couvercles, tandis que sur la panse du vase, se succèdent des frises de combats, d’explosions nucléaires, de villes détruites. Une vague gigantesque, dont l’écume rappelle l’une des vues les plus célèbres du Mont Fuji d’Hokusai, déferle sur une ville. Une guerre intergalactique sur une planète lointaine, peuplée de petits bonhommes verts, se joue sous nos yeux avec le modèle Space. Ces nouveaux vases sans fonction réelle, encombrants et attrape-poussière, deviennent des objets d’évocation. Ils racontent des histoires, réinterprétant nos intérieurs de façon surprenante, un peu comme des empêcheurs de tourner en rond…

Son approche du design est plus comparable à l’artisanat d’art qu’à la production en série. Toutes ses pièces sont uniques et entièrement réalisées à la main. Les décors, dessinés à part, sont ensuite fixés à la forme principale, donnant ainsi des effets de reliefs et des jeux de couleurs inexistant dans les exemplaires en céramique. Les vases gagnent en légèreté, ils s’ajourent, la résine produisant un maillage d’entrelacs pareil à une résille. Les pleins et les vides jouent avec la lumière. Evidemment on pense à la tradition de la dentelle, très présente dans la région flamande (Bruges). Mais cela nous évoque aussi d’autres objets, ceux du designer Marcel Wanders, mobilier de dentelle emprisonné par une couche de résine blanche, rigidifiant le meuble pour le rendre utilisable. Ou encore les outils de jardin de Cal Lane, véritablement objets en guipure de métal, ou le siège Veryround Seat de Louise Campbell.

Sebastiaan Straatsma
Vase Close, 2010. Série de vases Dustcollectors.
Vase Heroes, 2010. Série de vases Dustcollectors.
Vase Mutated, 2010. Série de vases Dustcollectors, collection Manga et Kaijus. Résine colorée, fabriqué à la main.
Vase Godzilla, 2010. Série de vases Dustcollectors, collection Manga et Kaijus. Résine colorée, fabriqué à la main.

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