ÉCHOS
27 Oct 2009

Les dix personnes les plus influentes du monde de l’art

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Pour la huitième année consécutive, le magazine londonien ArtReview publie «The Power 100», la liste des cent personnes les plus influentes du monde de l’art. Voici le top ten de ceux qui élaborent «les tendances générales et les forces qui façonnent le monde de l’art contemporain».

Le classement des cent personnes les plus influentes du monde de l’art, déjà disponible dans sa version internet, paraîtra dans le numéro de novembre de ArtReview. Un jury composé d’éditeurs et de contributeurs du mensuel britannique ainsi qu’un groupe «d’experts internationaux» anonymes l’a évalué selon les quatre critères suivants :
1. L’influence sur la production globale de l’art.
2. L’influence sur la scène artistique internationale.
3. L’activité pendant les 12 derniers mois.
4. L’influence sur le marché mondial de l’art.

Excepté les éditeurs de magazines d’art, exclus du classement pour des raisons d’objectivité, ainsi que les consultants en art (à cause de leur dépendance vis-à-vis des collectionneurs), figurent sur cette liste des professionnels qui ont un rapport direct à la production et la diffusion artistiques: à côté des artistes, on trouve principalement le personnel des institutions (directeurs, commissaires) et du marché de l’art (collectionneurs, galeristes).

6 Français figurent parmi les 100 personnalités: les collectionneurs François Pinault (6) et Bernard Arnauld (49), le directeur du Centre Pompidou Alfred Pacquement (18), le galeriste parisien Emmanuel Perrotin (64), Nicolas Bourriaud, co-fondateur du Palais de Tokyo et responsable de la Tate Triennale (68) ainsi que la sculptrice Louise Bourgeois (75).

L’originalité de cette année: l’importance sans précédente accordée à la profession du «curateur international» qui s’est formée sous les auspices de la mondialisation et de la multiplication des biennales dans le monde. Agissant loin au-delà du rayon d’une institution particulière, celui-ci, «globetrotter» permanent, fonde son travail sur le «networking» — un bon relationnel et un carnet d’adresses bien rempli.

Deux curateurs prennent ainsi une position tout en haut du classement: en tête, le Suisse Hans Ulrich Obrist qui, à côté de son activité de codirecteur des expositions de la galerie Serpentine à Londres, a organisé cette année d’importantes présentations internationales (comme Unbuilt Roads, New York; Il tempo del Postino, Bâle) et a publié deux livres d’entretiens avec des curateurs.
À la quatrième place, le directeur de l’actuelle biennale de Venise «Fare Mondi/Making Worlds» et co-organisateur des triennales de Turin et de Yokohama: le Suèdois Daniel Birnbaum dont le nom est également associé à deux institutions artistiques à Francfort (il est curateur au Portikus et directeur de l’école d’art Städelschule).

Moins étonnant, la nomination de directeurs de grandes institutions artistiques: Glenn D. Lowry du MoMA de New York (il est par ailleurs l’homme le plus rémunéré aux États-Unis dans le secteur de l’art à but non lucratif) et Sir Nicholas Serota de la Tate Gallery de Londres. Ils obtiennent respectivement la 2e et la 3e place et représentent évidemment toute l’institution, toute leur équipe qui contribue à ce que ces deux institutions exercent un pouvoir hors normes sur l’accès à l’art, les prix des marchés, l’opinion publique, etc.

Un choix plus inattendu : Iwona Blazwick, directrice de la Whitechapel Gallery (Londres) se voit cette année portée à la neuvième place. Après avoir mené un important programme de rénovation et d’agrandissement de cette institution phare de la capitale britannique, elle est ici nominée pour sa programmation d’expositions (Isa Genzken, Goshka Macugua) et d’autres événements qui, après la réouverture, ont bénéficié d’une très grande couverture médiatique.

La première personnalité du marché de l’art est Larry Gagosian (place 5). Le célèbre propriétaire de sept galeries dans le monde (3 à New York, 2 à Londres, 1 à Los Angeles et à Rome) est ici suivi par deux collectionneurs : François Pinault (6), le troisième homme le plus riche de France et qui a ouvert son deuxième espace d’exposition à Venise, la Punta della Dogana, en 2009, et l’Américain Eli Broad, grand financeur du Los Angeles County Museum of Art (LACMA) dont l’extension inaugurée en 2008 porte son nom, se retrouve sur la septième place.

Autre originalité du classement : les créateurs de e-flux Anton Vidokle, Julieta Aranda & Brian Kuan Wood sont inscrits sur la 8e place pour leur organisation, devenue incontournable dans le monde de l’art contemporain, et qui regroupe, outre leur célèbre service de presse dont l’abonnement est gratuit, un magazine, une archive, une école d’art, un lieu d’exposition…

Last but not least, sur la dixième place, enfin un artiste ! Bruce Nauman, lauréat du Lion d’or de l’actuelle biennale de Venise où sa création est particulièrement visible: l’exposition Topological Gardens qui se déroule sur trois espaces (pavillon américain et deux sites dans la ville) témoigne de la grande popularité de son œuvre auprès des professionnels du monde de l’art.

Pour conclure, de tels classements restent bien sûr toujours subjectifs et on peut certainement rejeter une telle entreprise qui s’oriente principalement sur la valeur marchande et la visibilité. Et bien que cette liste soit certainement trop orientée vers le monde anglo-saxon (55 Américains et 24 Anglais y figurent), vers une petite élite qui revient chaque année dans le classement, elle permet de réfléchir sur les valeurs et le fonctionnement de la création contemporaine. Il demeure évidemment souhaitable que d’autres critères s’ajoutent à la définition de ce qui importe dans le monde de l’art.

Site de ArtReview
www.artreview.com

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