Pierrette Bloch, Christelle Familiari, Marie-Ange Guilleminot, Werner J. Hannapel, Isa Melsheimer, Walter Pfeiffer, Bernard Plossu, Joan Soulimant
Les Corps du Tissu
L’exposition «Les Corps du Tissu» est organisée par des étudiants dans le cadre d’un séminaire autour du textile intitulé « En suivant les fils et les plis» dirigé par Antonio Guzmán. Ce séminaire a pour objectif d’élargir les connaissances des étudiants sur la matière du textile dans l’art contemporain, en remontant son histoire et en s’attardant sur des travaux d’artistes qui ont utilisé et qui utilisent encore ce matériau.
Les œuvres présentée ont été sélectionnées selon plusieurs critères: d’une part, les pièces sont majoritairement issues d’une collection publique. Cette sélection est motivée par le rapport au textile, tant dans la matière que dans l’évocation, dans l’imaginaire qu’il développe. D’autre part, le corps est le fil conducteur, il unit les pièces et apparaît au cœur de l’exposition. Pour ne pas cloisonner la notion de textile à sa seule matière, la sélection s’est ouverte à l’interprétation d’autres médiums, tels la photographie, la performance et la sculpture.
«Les Corps du Tissu» porte sur une sélection d’œuvres de huit artistes contemporains et découle de la conjugaison de plusieurs facteurs: le sujet thématique poursuivi par un commissariat collectif d’étudiants, une lecture du fond du CNAP et les contraintes de la réalité spatiale de la galerie de La Box.
Partant d’une consultation de la collection, qui fut un champ d’étude envisagé en fonction de la typologie des œuvres et des informations sur les artistes, chaque étudiant a proposé des œuvres très hétéroclites en lien avec le séminaire.
Le titre provient de la détermination de deux principes, le corps et le tissu. Le tissu est traité aussi bien comme métaphore que matériau. Le corps y est évoqué autant qu’il y est absent. D’autres médiums renvoient à l’hétérogénéité de l’exposition. Les œuvres se trament sur une existence imaginaire du tissu, porté ou manipulé par le corps. Elles sont introduites dès la première salle avec la photographie Netherlands de Werner J. Hannappel qui agit d’abord comme une résonnance formelle et naturelle, une liberté créatrice stratifiant les espaces et laissant apparaître l’écume de mer comme une étoffe.
Au fil de l’exposition, les œuvres tissent un récit évoluant entre le textile et le corps. Certaines pensent et dissimulent le corps par un jeu de confrontation avec le spectateur, telle les pièces de Christelle Familiari et Marie-Ange Guilleminot, cherchant raffinement tactile et visuel. D’autres développent un espace à vivre dans le quotidien des maisons ou des lieux publics, par exemple sous forme de tentures et de broderie qui camouflent des regards dans une atmosphère séduisante et poétique, et que nous observons comme une architecture corporelle.
Les photographies renvoient à un autre mode de perception, où nous pouvons interpréter les paysages comme des fragments d’étoffes, des contours d’un drapé sur un corps, ou à l’inverse imaginer le tissu comme étendue spatiale. Un autre principe se crée par la conjugaison des deux premiers: l’habit glissant vers l’habitat, du fait que le tissu est aussi bien porté comme une architecture ou perçu comme un espace et l’habit perçu tel un organe ou une enveloppe corporelle.
Commissariat
Vincent Dalbera, Lucie Gadiou et Pauline Martinez Le Ninan
D’après une sélection des étudiants de l’Ensa de Bourges