Gérard Collin-Thiébaut, John Giorno, Rodolphe Huguet, Julius Koller, David Mach, Régis Perray, Paul Pouvreau, Ruth Proctor, Nathalie Talec
Les Choses – Vol.1
Le premier volet de l’exposition «Les Choses» rassemble des œuvres acquises par le Frac entre 1988 et 2013 où l’objet occupe une place centrale. Elle tend à souligner la permanence de l’objet dans l’histoire de l’art. Qu’il soit utilisé concrètement comme un élément constitutif de l’œuvre, qu’il soit extrait du réel, modifié ou transfiguré, ou plus traditionnellement, le support de représentations, l’objet occupe une place privilégiée dans la production contemporaine. Il est utilisé à la fois pour son pouvoir évocateur ou symbolique et ses qualités plastiques intrinsèques.
C’est avec les natures mortes et les vanités que les objets sont devenus un sujet central de la peinture au XVIIe siècle. Mais, il s’agissait essentiellement de représentations à forte connotation symbolique. Au XXe siècle, ils font matériellement leur apparition dans les œuvres. On se souvient notamment des collages cubistes qui s’emparaient de fragments du réel et les inséraient dans leurs toiles. Mais c’est Marcel Duchamp, en 1917, qui a été le premier à faire entrer un objet industriel dans le champ de l’art en lui conférant par sa seule décision le statut d’œuvre d’art. L’artiste a fait scandale à l’époque en présentant au Salon des Artistes Indépendants de New-York un urinoir signé «R.Mutt» auquel il avait attribué un titre: Fountain. Pourtant avec ce ready-made, l’objet — débarrassé de sa valeur d’usage — se voyait doté d’une plus-value artistique. Il participait au développement d’une réflexion sur l’œuvre comme objet unique et sur son aura.
Marcel Duchamp a ouvert une voie empruntée depuis par de nombreux artistes. Ceux-ci s’emparent des objets pour leur banalité, leur potentiel métaphorique, leur qualité plastique, leur dimension populaire, comme en témoignent les Å“uvres présentées dans l’exposition. Qu’elles soient la représentation d’objets anodins voire triviaux, qu’elles se construisent par accumulation ou collecte d’objets voués à la disparition, qu’elles empruntent au détournement, ces Å“uvres ouvrent sur des univers poétiques, oniriques et ludiques. Certaines émettent un jugement parfois critique sur notre société de consommation et de production industrielle en série. Comme l’objet ne saurait être neutre, les artistes qui choisissent de l’utiliser interrogent le statut de l’œuvre d’art à l’époque contemporaine.
Cette exposition sera augmentée dans un deuxième temps, d’autres œuvres de la collection et de plusieurs emprunts aux Frac Bourgogne, Languedoc-Roussillon et Lorraine.