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Les Chercheurs d’or. Films d’artistes, Histoires de l’art

S’attachant à des modes de production délibérément marginaux, le film d’artiste s’installe dans un espace de constante migration. L’histoire du cinéma ne suffit pas, et celle de l’art n’a pas toujours offert le cadre élargi nécessaire à l’accueil de ces images intempestives. Pour combler ce manque, ce livre propose une histoire du film dans l’art contemporain.

Information

Présentation
Clara Schulmann
Les chercheurs d’or. Films d’artistes, Histoires de l’art

«Les jeunes artistes ont un flair redoutable pour repérer les histoires à bout de souffle», écrit le critique d’art Brian O’Doherty en 1976.

Dans le courant des années 1970, les images en mouvement prêtent main forte à un affranchissement: forger une alternative aux ambitions théoriques et politiques dominantes. Gordon Matta-Clark, James Benning et Chris Marker: trois manières de mettre en œuvre, par le film, une pratique de l’évidement, du négatif, qui veille sur les objets déchus mais précieux. Le support filmique devient, entre leurs mains, la matière d’une expérience critique décisive.

Gagnées à cette énergie, dans leur sillage, des œuvres contemporaines prolongent ce mouvement engagé depuis les marges. Les films de Tacita Dean, Matthew Buckingham, Clemens von Wedemeyer, Mike Kelley, Gerard Byrne et Jeremy Deller refusent l’embaumement, le confort, la maîtrise. Ils s’installent au contraire dans un échange dense et risqué avec les réalités dont ils décident de se saisir. Chercheurs d’or, les artistes travaillent à extraire, d’une matière trop lisse, les pépites qui résistent à une vision linéaire de l’histoire.

«Cette idée de l’imminence de l’extinction est sans conteste présente dans le travail de Tacita Dean et l’alliage que l’artiste préconise entre 16 mm et objets disparaissants tient de l’équivalence : parce que le 16 mm est condamné à disparaître autant que ce qu’elle filme, l’un et l’autre se reconnaissent. L’artiste travaille avec et sur la fragilité.

Dans Kodak (2006), Tacita Dean filme les derniers instants de l’usine Kodak de Chalon-sur-Saône en France, qui a incarné, au moment de sa construction en 1961, la pointe avancée de la technologie.
Sur le point de fermer, l’usine telle que Tacita Dean la découvre n’est plus utilisée que pour fabriquer des surfaces sensibles pour la radiographie. Dans cette visite de Tacita Dean se loge quelque chose qui ressort presque de l’autopsie — «voir par soi-même»: se préparer au désastre en le filmant, voir pour comprendre, recueillir le dernier souffle. Le film qu’elle a tiré de ce «voyage en analogie» rend compte des différentes étapes de traitement de la pellicule dans un espace qui lui fut entièrement dévolu.»

Sommaire
— INTRODUCTION
CHAPITRE I: SCRUTER LA FELURE MODERNE
— «l’Infini prendra soin de lui-même», Stan Brakhage
— Gordon Matta-Clark: films souterrains
— James Benning: Milwaukee à ciel ouvert
— Chris Marker, infrapolitique et clandestinité
CHAPITRE II: ATTISER LES ANACHRONIES
«Aux pieds du Flatiron, par Mark Lewis
— Chronique factographique: Tacita Dean, Kodak
— Matthew Buckingham: depuis l’Hudson, regarder l’angle mort de l’Europe
— Les voyages de Robert Smithson dans le Yucatan: «développer une vision négative»
— «Solitude: un état des variations»: Clemens von Wedemeyer filme la ville
CHAPITRE III: PRENDRE SES DESIRS POUR DES REALITES
— Reconstitutions: «La photo mise en scène, que j’appelais pour ma part, “cinématographie”», Jeff Wall
— Mike Kelley, Profondeurs vertes — travelogue dans la peinture américaine
— Gerard Byrne — De Georges Orwell à Playboy: l’art de la dispute
— Jeremy Deller, La Bataille d’Orgreave: «The Minors, united, will never be defeated»
— CONCLUSION: parler la langue des rois ou des morts

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