Nicolas Milhé
Les Canards, le Cadastre et la Marquise
«Mon plaisir n’est pas de contempler l’or de mes coffres, mais de le répandre». (La Marquise de Pompadour)
«À Paris, le Sud se situe plutôt au Nord, dans le XXè arrondissement entre autres. La rue Ramponeau, qui monte du boulevard de Belleville vers la rue Julien-Lacroix, est sudiste entre toutes.» (Eric Hazan, Paris sous tension, La Fabrique éditions, 2011)
Les Canards,
Des cadres en acier avec leur motif pyramidal encadrent une sélection de unes de presse. Si cette série d’œuvres «Sans Titre» est le reflet d’une actualité récente, elle révèle surtout les mécanismes de travail et l’urgence médiatique qui pressent toute équipe de rédaction. Extirpées de la cadence de l’actualité, ces confrontations de textes et d’images prennent une nouvelle dimension. Arthur qui dévoile «Ma vie d’artiste»; une photo de Michel Houellebecq en capuche pour le prix Goncourt sous le titre «Triple meurtre dans une déchetterie»; ready-made de papier sous son cadre reprenant les canons de l’architecture médiévale défensive… Ces «canards» disposés côte à côte révèlent autant d’éléments narratifs avortés, autant de pistes de lecture absurdes et énigmatiques.
le Cadastre
Le plan de Paris de Truchet et Hoyaux révèle les prémisses de l’organisation concentrique de la ville qui, telle un oignon, se replie couche après couche sur elle-même. Avec Le Grand Renfermement, Nicolas Milhé renforce le sentiment de prison dorée en parant le plan du XVIe siècle d’un motif de cercles dorés à la feuille qui n’est pas sans rappeler les blasons de l’industrie du luxe.
et la Marquise.
Lors de l’inventaire qu’il dresse des lieux de pouvoirs à Paris, Nicolas Milhé retrouve la figure de la Marquise de Pompadour. Première locataire de l’Élysée, logée aux bons soins de Louis XV, la marquise fait paître dans les jardins du palais un troupeau de moutons aux cornes dorées, comme le veut la mode du «retour à la nature».