Présentation
Judith Benhamou-Huet
Les artistes ont toujours aimé l’argent
La société contemporaine considère d’un mauvais œil les Jeff Koons et autres Damien Hirst qui ne cachent pas leur désir de richesse. Pourtant, des artistes ont toujours créé pour devenir prospères et reconnus. Au XXe siècle, Magritte a «fabriqué» en série ses pipes qui n’en étaient pas. Mais, bien avant lui, Cranach fut le peintre fortuné d’une infinité de Lucrèce, de Judith et autres Vénus, qui se ressemblent toutes — en se reproduisant déjà au XVIe siècle comme des clones.
La «Factory» de Rubens, si elle n’était pas franchement rock’n’roll, n’en restait pas moins un lieu de production quasi mécanisé destiné à ce que les toiles du maître d’Anvers envahissent toutes les cours d’Europe. Quant à Courbet, l’homme de L’origine du monde, il comptait bien sur une fine stratégie médiatique pour devenir riche et célèbre. Même Van Gogh, l’archétype de l’artiste maudit, mort pauvre et incompris, avait pour protecteur un des plus grands marchands de tableaux de Paris, autrement dit son frère Théo.
Ce livre démontre en treize cas courant à travers l’histoire les idées préconçues sur des artistes qui appartiennent à la postérité — et prouve, au passage, que l’appât du gain n’est pas le privilège de la période actuelle. Un voyage dans la grande histoire de l’art remplie de toutes petites histoires d’hommes devenus d’immenses artistes.
SOMMAIRE
— Dürer, l’homme qui savait se vendre
— Cranach, l’homme qui peignait plus vite que son ombre
— Le Greco, marchand du temple
— Titien, sous la pluie d’or de Danaé
— Rubens, diplomate, homme d’affaires et finalement peintre
— Rembrandt, golden boy de l’âge d’or
— Canaletto, le stratège de l’export
— Chardin, l’homme qui aimait à se répéter
— Gustave Courbet, le roi de l’art business
— Claude Monet, ou jamais d’impressionnisme dans les affaires
— Vincent Van Gogh, ou le succès par le malheur
— Picasso, le vrai-monnayeur
— Magritte, un copieur invétéré… de lui-même