Présentation
Annie Le Brun
Les arcs-en-ciel du noir: Victor Hugo
À plusieurs reprises, on s’est déjà intéressé aux jeux de l’ombre et de la lumière chez Victor Hugo comme à son activité graphique indissociable du noir de l’encre. Mais sans doute n’a-t-on pas mesuré quelle puissance génératrice a chez lui l’obscur qui semble être l’équivalent d’une matière noire, tout aussi déterminante dans son œuvre littéraire que dans son œuvre graphique. Jusqu’à lester l’une et l’autre d’une gravité inédite qui les travaille pareillement de l’intérieur.
S’ensuivent ce que j’appelle les arcs-en-ciel du noir irradiant pour mieux la déployer une inimaginable palette de thèmes et de points de vue qui paradoxalement apparaissent à cette nouvelle lumière venue des profondeurs pour redessiner le paysage poétique, dramatique, social, politique… c’est-à -dire l’horizon tout entier.
Si cette exposition a pour objet de faire apparaître quelle interaction décisive s’opère chez Hugo entre ce qui s’écrit et ce qui se dessine, elle se propose aussi de montrer de quelle façon celui-ci revient continuellement à cet élément noir comme à autant de répliques souterraines de l’arc-en-ciel pour y puiser sa force de transfiguration à l’origine d’une «énormité poétique» qui n’a pas fini de nous sidérer.
SOMMAIRE
— «L’encre, cette noirceur d’où sort une lumière»
— Noir comme le jeunesse
— Noir comme le théâtre des passions
— Noir comme les voyages
— Noir comme la liberté
— Le choix du noir
— Noir comme l’infini
— Noir comme l’éblouissement