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L’épaisseur de la montagne. Abraham Poincheval

L’épaisseur de la montagne est un ouvrage publié suite au voyage réalisé par l’artiste Abraham Poincheval de Digne à Caraglio. En compagnie de sa capsule, l’artiste a emprunté les chemins de traverse et a documenté son expédition à travers un récit et un ensemble de photographies.

Information

Céline Flécheux, Abraham Poincheval
L’épaisseur de la montagne. Abraham Poincheval

L’artiste Abraham Poincheval a entrepris un voyage. Ce voyage l’a mené de Digne à Caraglio en Italie.

Il a effectué quatre étapes (une par saison) en poussant devant lui, sur ce chemin accidenté son «gyrovague», une capsule cylindrique en tôle de 70 kg. Cette capsule lui a servi à la fois d’abri, de véhicule, de miroir du monde et, finalement, d’œuvre.

Sur sa route, il a fait des rencontres, croisé des hommes, des femmes, des enfants, des animaux, des monstres et fait des expériences. Lorsqu’il se trouve «ici, loin de tout», il n’est jamais plus près de son but, celui de l’authentique voyage, qui est rituel de vie.

Son pèlerinage le mène au cœur des choses et des êtres, dans un dépouillement qui laisse ici sa trace.

Ce livre retrace cette aventure, à travers le journal de marche de l’artiste plein d’humour, d’intuitions et de générosité. Ses photographies rendent compte de l’âpreté de l’effort, de la beauté sidérante de la nature, des sculptures qu’Abraham Poincheval réalise avec des objets glanés lors de son périple. Tous ces éléments sont rassemblés dans ce livre pour nous permettre de comprendre le sens profond de cet acte artistique, qui est à la fois «performance», sculpture et récit.

Le texte distancié de la philosophe Céline Flécheux apporte un contrepoint utile à ce récit brut et poétique, à cette documentation nécessairement lacunaire, et nous ouvre de nombreuses perspectives pour mieux voir ce voyage invisible.

«Voyager, c’est aller d’un lieu à un autre. Digne-Caraglio, rien ne prédestine qu’on choisisse ce chemin plutôt qu’un autre. Un musée en France, un centre d’art en Italie, et voilà que l’on a trouvé le prétexte au déplacement.

Car voyage-t-on pour quelque chose? Là réside son point de complexité: tout y est minutieusement préparé, avec des points de départ et d’arrivée fermement fixés, mais entre les deux, tout peut arriver.

Le voyage s’inscrit le long d’une route — celle entre les deux petites villes existe, on peut la parcourir en voiture ou en camion, mais un des aspects du voyage d’Abraham Poincheval est de prendre les chemins de traverse. Tel un bousier poussant ou tirant son habitacle, il doit veiller aux véhicules sur la route, aux changements de luminosité, aux pentes trop raides qui risquent de propulser son gyrovague dans un fossé.

Entre l’idée que l’on se fait d’un projet et une adaptation rigoureuse aux lois du terrain, le voyage a lieu entre les deux et il faut aller de l’avant. Le projet ne se construit qu’à force d’être développé dans le temps et dans l’épreuve.»
Céline Flécheux

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