L’exposition « What a Wonderful World » à Vidéochroniques, à Marseille, présente des installations, photographies et vidéos de Léna Durr qui témoignent de la culture populaire et des vies en marge des cadres sociaux.
« What a Wonderful World » : des images de la culture populaire
La pratique artistique de Léna Durr s’appuie sur une démarche de collectionneuse : poursuivant l’habitude qu’elle avait, enfant, de ne jeter aucun des objets qu’elle possédait, la plasticienne construit au fil des années une collection personnelle rassemblant divers objets trouvés dans des marchés au puces et brocantes et représentatifs de la culture populaire. C’est dans cette collection qu’elle puise la matière de ses installations, photographies et vidéos.
Les installations et photographies de Léna Durr utilisent les objets issus de sa collection, ces derniers formant le contexte de mise en scène dans lesquels apparaissent parfois des personnages. Ces objets, avatars de la culture matérielle populaire, témoignent non seulement de son évolution dérive vers la société de consommation et de sa résistance. Toujours intimement liés aux personnes auxquelles ils ont appartenu, les objets que collectionne Léna Durr sont des supports de souvenirs d’enfance, de croyance, de passe-temps et de passions particulières.
Léna Durr met en scène des individus en marges des cadres normatifs
L’installation Appartement témoin reconstitue une chambre vieillotte surchargée de décorations que l’on pourrait qualifier de ringardes : murs recouverts d’innombrables images religieuses encadrées, couvre-lit en satin rose, compositions florales sous verre, collection de poupées sur le haut de l’armoire et de bougies votives sur la commode… La vidéo Jeanne Marguerite montre le quotidien de personnes âgées, tandis que la photographie Femmes au bain met en scène avec humour dix femmes nues aux formes généreuses dans le contexte d’un hamam.
Toutes les mises en scène imaginées par Léna Durr ont en commun un certain sens du kitsch qui est en réalité davantage un sens du camp, notion développée par Susan Sontag : à la froideur consumériste, du kitsch, le camp oppose un sentiment de tendresse qui, précisément anime Léna Durr. Ses œuvres sont en effet nourries par un regard qui fait du monde « un phénomène esthétique », selon les mots de Susan Sontag. Elles portent un regard bienveillant sur des individus qui évoluent en marge des cadres normatifs et des espaces sociétaux majoritaires.