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L’Emmentaliste

L’oeuvre complexe de Gilles Barbier explore les cheminements de la raison, les chevauchements d’idées et les interactions. Avec un humour décapant, Gilles Barbier met en place un travail qu’il ne définit ni comme critique, ni comme «peinture du monde», ni comme problématique mais comme autant de fictions.

Information

Présentation
Gilles Barbier
L’Emmentaliste

L’Emmentaliste — l’artiste — est né au Vanuatu en 1965. L’Emmentaliste — le livre — est né en juin 2011 avec l’exposition inaugurale de Gilles Barbier au Pavillon Blanc, Médiathèque/Centre d’art de Colomiers.

Conjuguant les regards passionnés et réciproques des Requins Marteaux et de Gilles Barbier, ce livre prend pour point de départ une exposition qui rassemble des œuvres touchant aux arts graphiques et au récit — autour du monumental Terrier. En route, il y a eu la volonté de créer une édition hors norme, à la croisée du comic book, de la collection d’images et du livre d’artiste. A l’arrivée, cet ouvrage superpose naturellement l’obsession de l’artiste pour les bulles et les trous, indissociables comme dans le fromage emmental. L’Emmentaliste offre donc la livraison hors-série d’une collection sans suite qui dévoile les superpouvoirs imagiers de l’artiste, avec la complicité graphique de Winshluss et Fanette Mellier.

Bizarrement, dans Emmental Head (2003) ou Troglodytum Casein (2006), ce sont les trous qui parlent. Dans tous les sens du mot. L’oralisation bullée provient d’eux, et c’est à travers eux que le sens rebondit. Voilà un paradoxe omniprésent dans toute l’œuvre, qu’elle soit dessinée ou sculptée. En entrevue, Gilles Barbier s’est souvent qualifié d’«homme-trou». Ce qui va bien avec l’emmental comme avec le terrier — ses habitats de prédilection. Homo emmentalus. En apparence, le monde existe entre les trous. Pourtant ceux-ci contiennent et retiennent les pourtours du monde, comme un moulage d’antimatière coïncidant avec la matière elle-même. Dans leur fondement de trous, ils soutiennent le vide dont la pensée créatrice a besoin pour se glisser dans des objets. Celui qui fouille, creuse, fouit, terrasse les profondeurs, inlassablement, peut se faire une idée assez exacte du monde. Il le mentalise, en aimantant ses propriétés secrètes. La pensée trou est bactérienne et schizoïde. Elle ne craint pas les contradictions. Elle hait l’appréhension globale mais encourage la préhension de petits bouts raccordés les uns aux autres. L’emmentaliste est une pure vanité d’existence. Un corps dépensé pour une œuvre en cours.

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