Christian Boltanski, Michel de Broin, Malachi Farrel, Pierre Huyghe, Thierry Fontaine, Stéphane Thidet, …
L’Effet Vertigo
Le Mac Val a ouvert ses portes au public en novembre 2005. Le musée a donc dix ans cette année, un air de jeunesse encore mais déjà une durée qui permet de lire dans l’épaisseur du temps, et de l’inscrire dans le paysage de son territoire. Pour cet anniversaire, la nouvelle exposition des œuvres la collection intitulée «L’Effet Vertigo» explore les relations des artistes à l’histoire et à ses récits comme notre propre rapport de spectateur à ce qui nous précède. Le regard, ce qui le charge et le constitue, est un élément essentiel de cette relation. C’est donc le sujet de l’interprète qui est ici au cœur des œuvres et qui interpelle dans un même mouvement celui qui regarde et qui fait exister toute œuvre d’art.
Pour son dixième anniversaire, le Mac Val propose au public de revenir dans le temps afin de s’interroger sur sa mission qui est de relier le passé et le présent, et d’effectuer un arrêt sur image pour mieux envisager le futur à venir, celui à construire. Les quelque 70 artistes réunis dans «L’Effet Vertigo» portent un regard de l’autre côté du présent, relisant, rejouant ou réinterprétant les faits historiques, les ramenant ainsi à la lumière d’aujourd’hui.
C’est en effet cette relation à l’histoire propre à chaque artiste qui guide ce nouvel accrochage intitulé «L’Effet Vertigo», double mouvement inversé, qui suppose rapprochement et éloignement concomitants. Ce procédé filmique fut inventé par Alfred Hitchcock dans Vertigo (Sueurs froides en français) en 1958, afin d’évoquer le vertige que ressent Scottie (James Stewart) dans le fameux escalier de la tour. Il a pour objet de produire un effet: dramatiser le sujet en le maintenant, par oscillation simultanée d’avant en arrière, dans un même cadre et de ne pas le perdre de vue. On y verra une métaphore de la lecture de l’histoire au présent et des stratagèmes et diverses attitudes à son égard, de l’éloignement essentiel à sa mise au point visuelle, au déplacement et dépaysement parfois nécessaires pour mieux approcher le sujet.
Le parcours est organisé en relectures historiques, constitutions d’archives personnelles, interrogations des rites, fabrications de reliques, interprétations scientifiques et réemplois d’objets. Car l’artiste est inscrit dans l’histoire, l’histoire de l’art bien sûr, mais plus encore celle qui nous est commune, l’Histoire humaine, celle des conquêtes, des accords de paix, des progrès technologiques, des avancées médicales, des idéaux politiques, des modes de gouvernance… Acteur et témoin de l’histoire, l’art s’envisage aussi comme archéologie, voire fabrique du savoir.
Cette exposition constitue sans doute la conclusion d’un cycle entamé dans le désordre et enfin synchronisé. Ainsi, en 2010, l’exposition intitulée «Nevermore» s’intéressait aux souvenirs et au passé; en 2012, «Vivement demain» donnait à voir le futur, radieux ou à l’inverse inquiet et désenchanté. Cet accrochage s’articule ainsi en 3 parties pour composer avec les deux temps avant de s’ancrer, en l’inventant, dans le présent.
Depuis sa création, le Mac Val ce sont près de 400 artistes exposés, 20 résidences d’artistes, près de 30 expositions temporaires, d’innombrables actions culturelles et ouvrages édités, une collection de 2200 œuvres — dont une quarantaine acquise cette année — qui en fait l’un des Fonds d’art contemporain les plus importants de France et plus de 500 prêts à des institutions françaises et internationales.