Lee Friedlander
Lee Friedlander
Né en 1934 à Aberdeen (Etats-Unis), Lee Friedlander s’intéresse à la photographie dès les années 1950. Dans la lignée des œuvres de Robert Frank et Walker Evans, le paysage urbain et social américain (American Social Landscape) constitue sa principale matière photographique.
Cette exposition présente le travail de Lee Friedlander à travers une trentaine d’œuvres emblématiques. Excepté sa rétrospective au Jeu de Paume en collaboration avec le MoMA, l’artiste n’a pas été présenté à Paris depuis plus de 22 ans.
L’exposition propose un panel de photographies des années 1960 à nos jours, retraçant les différents thèmes traités par le photographe au cours de sa carrière. Les thématiques abordées — la nature, les paysages urbains, les nus et les autoportraits — sont aussi l’occasion de plonger dans l’univers paradoxal de Lee Friedlander.
Caractérisé par un mélange d’influences, son univers renvoie non seulement au courant de l’art minimal mais également à celui du Pop art.
En outre, l’originalité du travail de Lee Friedlander réside dans le jeu des techniques utilisées. Ainsi les effets produits par les jeux de formes et de figures — le reflet, la réverbération, la transparence ou encore l’ombre portée et la symétrie — sont substantiels au travail de l’artiste.
Dans la première salle, la série de nus fait référence à la période 1979-1990. L’artiste s’intéresse ici à la diversité qu’offre le corps, notamment féminin; diversité offerte non en tant qu’objet érotique mais comme matière plastique. Ainsi, la chaleur des corps disparaît pour laisser une place totale à la froideur de la matière. Le visage inexistant et les corps façonnés suggèrent la sculpture. L’intensité de la chair s’efface au profit d’une mise en relief des contours du corps, rappelant ainsi la candeur d’un volume sculpté dans le marbre. Ces images contrastent avec les séries relatives à la photo urbaine par exemple America by Car.
Dans la verrière, une série de photographies consacrées à la nature fait face à une série d’autoportraits. D’abord le photographe montre une nature foisonnante, où l’utilisation de l’ombre et de la réverbération donne une impression de nature animée. Il s’agit d’une immersion dans le règne végétal de Lee Friedlander.
Quant aux autoportraits, ils permettent une autre approche de son travail. Grâce à l’utilisation du reflet et à la technique de l’ombre portée, il se met en scène dans chacun des personnages et des paysages qu’il photographie. Ces techniques, favorisant un effet de distanciation, vident les autoportraits de leur subjectivité et laissent place à la neutralité. C’est la forme — plus que l’émotion — qui est privilégiée.
Les photographies présentées dans la salle du fond sont consacrées, en grande partie, aux paysages américains. Pour capter la ville, Lee Friedlander déstructure l’image pour l’axer autour de la géométrie et l’articuler selon un jeu de miroir. Il réorganise ainsi le paysage photographié.