— Auteurs : sous la direction de Christophe Viart : Stephen Bann, Leszek Brogowski, Françoise Coblence, Pierre-Henry Frangne, Marion Hohlfeldt, Jacinto Lageira, Thierry Lenain, Bernard Marcadé, Denys Riout, Jacques Sato, Gilles A. Tiberghien
— Éditeur : La Lettre volée, Bruxelles
— Année : 2002
— Format : 21 x 15 cm
— Illustrations : aucune
— Pages : 234
— Langue : français
— ISBN : 2-87317-185-5
— Prix : 19 €
Ouverture : le Witz et ses mélanges piquants
par Christophe Viart (extrait, pp. 9-10)
Le mot s’entend comme le sifflet d’une fusée. Il étincelle, seul, au contact du commun, du naturel, de l’ordinaire. Le Witz est une surprise, une idée qui vient sans qu’on l’attende, au hasard, et qui échappe aussi vite, à l’improviste. Le mot allemand est italique, tenu entre sa lettre initiale en majuscule penchée et la dernière lettre oblique de l’alphabet. Esprit, mot d’esprit, trait d’esprit, le mot Witz ne trouve que des équivalents. Acuité, saillie, pointe, il passe pour l’agudeza gracià nesque quand il unit les extrêmes à force de paroles. Mais un geste, une image ou un silence peut aussi dire ce qu’il manœuvre pour arriver à ses fins. L’ironie joue avec les mots, elle se confond avec le Witz, bon mot, clin d’œil, répartie. En anglais, Witz s’applique à joke pour signifier le rire humoristique; mais le Witz n’est pas le wit britannique ni l’ingenio espagnol. Le pun, le calembour, est trop étroit pour qualifier le « mot », le signifiant de l’esprit, comme on parle d’avoir toujours le mot pour rire. Le croisement des regards et des points de vue mis en oblique qui se joue dans Les Ambassadeurs avait inspiré à Panofsky le mot de pun au sujet du tableau de Holbein. Le sens du mot intraduisible se dessine dans la parenté et la combinaison de ses termes synonymes. Bonne ou mauvaise, indifférente, la blague peut autant servir d’exemple. Matière plastique, assortiment ludique, le Witz, en tant que pouvoir d’assembler les images comme les mots, excède toutes les formes et définitions ainsi qu’il les incorpore et les amalgame en une synthèse propre. Comme par Witz.
(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions La Lettre volée)
Les auteurs
Stephen Bann est professeur d’Histoire et de Théorie des arts à l’University of Bristol, Grande-Bretagne.
Leszek Brogowski est professeur d’Esthétique à l’université Rennes 2 Haute Bretagne. Il est l’auteur de Dilthey. Conscience et histoire, Paris, PUF, 1977. Il a publié entre autres dans Les Cahiers du musée d’Art moderne, Recherches poï;étiques, Revue d’esthétique, Études phénoménologiques, Art Présence.
Françoise Coblence est professeur d’Esthétique à l’université de Picardie Jules Verne. Elle a publié Le Dandysme, obligation d’incertitude, Paris, PUF, 1988; Sigmund freud (1886-1897), Paris, PUF, 2000; ainsi que des articles sur Baudelaire et sur les rapports entre l’esthétique et la psychanalyse.
Pierre-Henry Frangne, agrégé de philosophie, enseigne l’esthétique à l’université de Rennes 2 Haute Bretagne. Il achève une thèse intitulée Le Statut de la négation dans le symbolisme français. Il est l’auteur d’une trentaine d’articles, principalement sur l’esthétique du symbolisme et sur la relation critique.
Marion Hohlfeldt, critique d’art, est maître de conférences à l’université de Rennes 2 Haute Bretagne.
Jacinto Lageira est critique d’art et enseigne l’Histoire de l’art et l’Esthétique à l’université Paris 1 — Panthéon-Sorbonne, ainsi qu’à l’École des Beaux-Arts du Mans.
Thierry Lenain est professeur d’Esthétique et de Philosophie de l’art à la Faculté de Philosophie et Lettres, université libre de Bruxelles. Bernard Marcadé est critique d’art et professeur à l’École nationale d’Art de Cergy-Pontoise. Il a organisé les expositions « Affinités sélectives », Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 1990; « Féminin—Masculin. Le sexe de l’art », Paris, Musée national d’Art moderne, Centre Pompidou, 1995.
Denys Riout est professeur à l’université Paris 1 — Panthéon-Sorbonne. Ses travaux portent essentiellement sur la peinture ou les arts plastiques et sur la critique d’art de la deuxième moitié du XIXe et du XXe siècle.
Jacques Sato, professeur à l’université de Rennes 2 Haute Bretagne, enseigne les arts plastiques.
Gilles A. Tiberghien enseigne l’esthétique à l’université Paris 1 — Panthéon-Sorbonne. Il a traduit plusieurs ouvrages dont les Essais d’esthétique de Benedetto Croce, Paris, Gallimard, 1992 et les Conversations sur l’esthétique de Luigi Pareyson, Paris, Gallimard, 1992.
Christophe Viart, artiste, expose depuis 1990. Il est maître de conférences en Arts plastiques à l’université Rennes 2 Haute Bretagne.