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Le Visage en question

Pour point de départ, la signification, par Emmanuel Lévinas, du visage comme rencontre avec autrui. Une définition remettant en cause l’idée du visage comme figure. Qu’en est-il alors de la représentation picturale ? de l’abstraction ? Comment peindre l’impossible ? C’est une quête d’absolu, ancrée dans le religieux, le sacré, le mythe et l’histoire, qui est ici relatée.

— Auteur : Sylvie Courtine-Denamy
— Éditeur : La Différence, Paris
— Collection : Les Essais
— Année : 2004
— Format : 13 x 20 cm
— Illustrations : quelques, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 397
— Langue : français
— ISBN : 2-7291-1526-9
— Prix : 30 €

Présentation

Attestant notre humanité, signant notre identité, s’usant, se ridant, notre visage anticipe notre propre mort. Témoins les mythes de Narcisse et de Dionysos succombant au pouvoir maléfique de leur reflet dans le miroir, la tête de la Gorgone ne devenant inoffensive que grâce à la ruse d’Athéna qui invente l’image. Cette ruse, la peinture l’accomplit à son tour en opérant une distanciation entre le sujet et son double, le portrait ayant pour fonction de compenser l’absence de l’être aimé. S’avisant de l’« éloquence » du visage, de pseudo-sciences se mirent en devoir de le dévisager pour traquer l’âme invisible, voire de le réduire à un « type » au service de l’idéologie raciste.

Paradoxalement, la définition que propose Emmanuel Levinas du visage présuppose de gommer ses traits. La perception constituant en objet le tout autre, le réduisant, l’esthétique doit être dépassée vers l’éthique, le mode privilégié de la rencontre avec autrui n’étant pas la vision, mais l’écoute de sa parole, le visage signifiant l’infini.

Ce discrédit de la représentation artistique, englobe les pionniers de l’abstraction qui s’interdirent pourtant la représentation au nom du « spirituel dans l’art ». Le philosophe ne consentant que deux exceptions, en faveur du peintre Jean-Michel Atlan et du sculpteur Sacha Sosno, nous imaginons alors un rendez vous manqué entre Emmanuel Levinas et le peintre expressionniste juif américain Barnett Newman qui, se pliant au « commandement suprême » du monothéisme, s’assigna pour tâche de « peindre l’impossible », de présenter négativement l’infini, revendiquant la signifiance par-delà toute forme identifiable.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions La Différence)

L’auteur
Sylvie Courtine-Denamy est docteur en philosophie, spécialiste d’Hannah Arendt.

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