Communiqué de presse
Roman Opalka
Le Vertige de l’infini
Première des quatre expositions de la saison 2011-2012, «Opalka, le vertige de l’infini» s’inscrit dans le cadre de l’une des thématiques –à savoir ici, «Suite, série et variations»– sur lesquelles s’appuiera la programmation de la Chapelle de la Visitation de Thonon-les-Bains au cours des trois prochaines années.
Comme il en sera dorénavant chaque été, elle se développe aussi sur un autre site, la Galerie de l’Étrave-espace Maurice Novarina, permettant d’en déployer plus largement le propos.
L’exposition que la Ville de Thonon-les-Bains consacre à Roman Opalka est surtout l’occasion de rendre hommage à un artiste qui fête cette année ses 80 ans. Avec tout un lot d’autres manifestations qui se tiennent à Londres, en Corée du Sud, à Venise, à Vienne, à Milan et à Anvers, elle participe de la sorte à célébrer «l’année Opalka».
Expression majeure d’une histoire de l’art contemporain, la démarche de cet artiste relève d’un projet d’oeuvre qui égale un projet de vie. Depuis 1965, Opalka a fait le choix d’une posture radicale qui consiste à peindre l’ensemble des nombres entiers naturels suivant un protocole qu’il s’est inventé et duquel il n’a jamais dérogé, sauf à infléchir l’une de ses modalités: toujours le même format de toile, la même qualité de peinture, le même type de pinceau; toujours s’enregistrer énonçant en polonais –sa langue maternelle– le nombre qu’il est en train de peindre; toujours se prendre en photo à la fin de chaque séance de travail.
Enfin, si Opalka a peint le premier tableau en blanc sur fond noir, puis quelques autres sur d’autres fonds, à partir de 1972, il décide d’ajouter d’une toile à l’autre 1% de blanc au fond gris de sa toile, le conduisant aujourd’hui à travailler blanc sur blanc dans l’éclat le plus sublime de la peinture.
A la Chapelle de la Visitation, au dispositif minimal qui rassemblera une peinture, une série d’Autoportraits photographiques et deux «cartes de voyage» –prolongement du travail jadis effectué sur de petits formats à la plume et encre noire dès qu’il était éloigné de son atelier– s’ajoutera une série d’estampes réalisées par l’artiste entre 1968 et 1970, très rarement vues en France. Celles-ci –qui font écho à l’aventure du «programme» entamé en 1965– en disent long d’une époque charnière où l’artiste s’apprête à s’y adonner de façon exclusive.
A la Galerie de l’Étrave seront présentés différents ensembles d’oeuvres, tant dessinées que peintes, datées entre 1949 et 1964, pour la plupart jamais vues en France. Il en sera ainsi de quelques trente-huit dessins figuratifs de jeunesse, notamment quand Opalka était à l’école des Beaux-Arts de Varsovie, d’une série abstraite de grandes gouaches sur papier sur le thème Etude sur le mouvement (1958-1960) et d’une autre plus gestuelle, à la tempera, intitulée Fonemat (1964).
Ici et là , autant d’oeuvres qui permettront d’appréhender la démarche de Roman Opalka à l’aune d’une histoire comme on ne la connaît pas généralement et qui en éclairciront la trajectoire. «Opalka, le vertige de l’infini», une exposition résolument inédite, rendue possible grâce à la complicité amicale de l’artiste. (Philippe Piguet)