DESIGN

Le Verre

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@02 Avr 2008

Le verre, matière noble et complexe, est soumis à l’inventivité de sept artistes français et européens, rassemblés dans un cadre prestigieux pour une exposition de référence. Le choix opéré par la galeriste Clara Scremini produit une éblouissante mise en abîme de la lumière. 

L’exposition Le Verre propose les créations de sept artistes contemporains, venus de France, de Pologne et d’Allemagne qui se jouent de la technique du verre avec le même génie que les plasticiens et leur medium. C’est la rencontre entre Catherine Garrigue, directrice de la culture au Conseil général des Yvelines et Clara Scremini, galeriste spécialisée, qui a permis cette démonstration dans l’Orangerie du domaine de Madame Elisabeth, à Versailles.

Une sobre scénographie met en valeur l’évidence lumineuse des œuvres. Le choix des artistes est le fait de Clara Scremini. Sa fascination pour la sculpture du verre la guide depuis vingt ans ; elle découvre des artistes et fait partager sa passion dans sa galerie de la rue Quincampoix à Paris. Elle défend le Verre, dans la mouvance du « Studio Glass Movement » qui, né dans l’Ohio en 1962, sort le verre de l’usine pour le mener dans l’atelier de l’artiste. Le matériau devient alors un medium artistique à part entière.

Les artistes choisis s’expriment avec le verre, produit de l’intelligence humaine. Constitué de silice montée au feu à haute température, le liquide visqueux est prêt à subir les altérations du créateur. Autant de transformations évoquées au fil de l’exposition.

Le verre est moulé par le peintre Didier Tisseyre qui expose une série de quatre œuvres translucides aux motifs primitifs, Filtre. Ces bas-reliefs en pâte de verre de couleur, moulés en Bohême, sont des lieux de passage de la lumière dont l’intensité est profondément liée à l’épaisseur de la pièce.

Le verre peut être façonné. Isabelle Monod crée des volumes soufflés à la bouche et travaille selon la technique du fusing. Fusion d’éléments de la nature, cueillis au grès de ses promenades et emprisonnés dans de petits cubes énigmatiques, dans des galets irréguliers, créant une composition sans fin.

Le couple Perrin & Perrin utilise le verre à vitre industriel moulé en module et le traite comme un matériau de construction. Les deux artistes réalisent leur oeuvre en assemblant patiemment les briques de verre pour créer une installation de cinq grands anneaux : Eight. Au feu, le verre se pare d’une couleur de jade, que rythment de grandes traces d’un noir profond, obtenues par l’oxyde métallique qui rappelle le dessin à l’encre de chine.

La matière subit encore, avec Anna Skibska, architecte polonaise installée aux Etats-Unis, une transformation délicate. Des filaments de verre sont soudés point à point et forment des sculptures dans l’espace, légères, cristallines. La patiente élaboration de la structure est inspirée de la technique de l’échafaudage, une grande solidité obtenue par l’emploi d’un matériau minimum.

Avec Bernard Dejonghe, le verre est présenté dans sa limpidité. Il utilise le verre optique (dont la transparence est parfaite) et livre des pièces — Groupe de 5 formes brèves — qui sont des formes pures et pleines, ourlées d’arêtes sculptées au burin.

L’artiste allemande Josepha Gasch-Muche, quant à elle, interroge la réflexion de la lumière sur un verre industriel exceptionnellement fin : le verre des écrans de téléphone portable qu’elle brise, colle en une composition cinétique qui s’anime de reflets.

Ainsi, l’exposition propose un itinéraire fragmenté, émotionnel, rayonnant qui piège la lumière dans la richesse du verre. Une exposition d’œuvres d’artistes contemporains au langage singulier.

 

— Isabelle Monod, Passage secret, gris, rose, cadre jaune, 2008. Verre
— Didier Tisseyre, Filtre, 2008. Verre
— Perrin&Perrin, Eight et Sarabande, 2008. Verre
— Matei Negreanu, Vagues, 2008. Verre
— Josepha Gasch-Muche, 2008. Verre industriel
— Bernard Dejonghe, Groupe de cinq formes brèves, 2008. Verre

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