Le Centre national édition art image de Chatou s’intéresse à la production photographique de Jef Geys, après avoir consacré trois expositions aux autres aspects de son travail: la vidéo, le son et la peinture. L’exposition «Le Tour de France 1969 de Eddy Merckx» souligne la grande importance qu’a toujours revêtue la photographie au sein de l’œuvre complexe de l’artiste belge.
Soixante-sept photographies en noir et blanc sont présentées, presque cinquante ans après leur réalisation. En 1969, Jef Geys a suivi le Tour de France dans son intégralité, pour couvrir le parcours d’Eddy Merckx et ce qui sera la première victoire de celui-ci. Jef Geys se livre à une pratique photographique qui correspond à son refus de hiérarchiser culture savante et culture populaire. Les clichés relèvent donc à la fois d’une démarche journalistique, artistique et domestique.
Jef Geys rejoint Eddy Merckx à chaque étape avec sa Citroën 2cv et scrute chaque moment, qu’il soit d’ordre privé ou collectif. Il immortalise les fans et les badauds en gros plan, les instants de repos, les cocktails, les rues, les villes, les salons d’hôtel… Il varie sans cesse les angles de vue sur son sujet, qu’il observe dans l’action de la course ou en représentation. L’aspect nostalgique qui pourrait menacer ces photographies témoins d’une époque passée est contrecarré par leurs encadrements «boulonnés» modernes.
Fidèle à sa logique où se mêlent le récit (auto)biographique et social, le personnel et le collectif et les notions d’art mineur et d’art majeur, Jef Geys établit vingt ans après la prise des photographies un parallèle entre la première victoire d’Eddy Merckx et le premier pas sur la Lune, les deux événements ayant eu lieu à la même date. A la fin du parcours de l’exposition est placé un rappel de ce parallèle: un montage de deux pages d’un journal belge du 20 juillet 1969, la première annonçant le premier pas sur la lune de Neil Armstrong et la seconde au annonçant la première victoire d’Eddy Merckx. L’impact de cette victoire dans l’existence des passionnés de cyclisme que sont les belges permet selon Jef Geys de la placer au même niveau que l’avancée scientifique et planétaire.