Le Tour de Babel

L’exposition « Le Tour de Babel » au FRAC Poitou-Charentes présente le film du même titre de Bertille Bak.

Un film consacré à la communauté des chantiers navals de Saint-Nazaire

La vidéo de vingt-deux minutes réalisée en 2014 alors que Bertille Bak était en résidence à Saint-Nazaire, avait pour ambition de livrer un témoignage de l’intérieur des chantiers navals en donnant aux personnes croisées sur le site à la fois la parole et le rôle d’acteur. Ce mode de production qui s’inscrivait dans les habitudes filmiques de Bertille Bak a cependant été contrarié puisque celle-ci n’a pu pénétrer dans les chantiers navals pour y filmer les travailleurs.

La vidéo Le Tour de Babel s’est donc fondée sur une collecte d’informations qui a nourri une démarche fidèle à celle que Bertille Bak a développée dans ses précédents projets, qu’il s’agisse de vidéos, de dessins, de sculptures ou d’installations. Cette fois encore, l’artiste originaire du nord de la France met son art au service d’une analyse fine et humaine des notions de communauté, de territoire, de mémoire et d’identité.

Le Tour de Babel : faire le tour d’une collectivité, entre documentaire et fiction

La vidéo Le Tour de Babel, prend appui sur l’observation d’une collectivité précise, dans laquelle elle s’intègre et dont elle s’intéresse à chaque aspect : l’appartenance géographique, les habitudes et traditions, les gestes et les outils, les loisirs et les revendications. En incluant les individus concernés dans la matière même de ses films, l’artiste crée des œuvres qui relèvent autant du documentaire que de la fiction.

L’enjeu de la vidéo Le Tour de Babel est une fois encore de saisir ce qui forme une communauté, ce qui lie des individus en témoignant des parcours collectifs comme personnels. La démesure des chantiers navals de Saint-Nazaire a contraint Bertille Bak à s’adapter à une échelle bien plus importante que celle des communautés auxquelles s’intéressaient ses précédents films. Cette démesure est cependant mise à profit dans la structure même de l’œuvre qui décrit les paquebots et leur environnement comme un organisme dont chaque élément est une cellule, déclinée sous plusieurs formes : chambres des marins, cabines des croisiéristes, cabanes des ouvriers sur les chantiers, maquette au sein de l’atelier… Au sein de chacune d’elle, les protagonistes incarnent leur propre rôle selon des mouvements chorégraphiés qui évitent un réalisme excessif.