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Le Temps pris. Le temps de l’œuvre, le temps à l’œuvre

L’ouvrage de Christine Macel analyse de manière sensible et personnelle comment certains artistes reformulent l’expérience du temps dans leurs œuvres et déploient de nouvelles stratégies par rapport aux artistes des années 60 et 70.

Information

Présentation
Christine Macel
Le Temps pris. Le temps de l’œuvre, le temps à l’œuvre

Christine Macel articule de façon originale une expérience personnelle de commissaire d’exposition à des théories esthétiques et scientifiques, soutenue par une analyse d’historienne de l’art.

Elle décrit la relation renouvelée au temps de douze artistes. De Raymond Hains à Philippe Parreno en passant par Cerith Wyn Evans et Koo Jeong A., un retour problématique au présent et à l’instant apparaît. Il aboutit souvent à la sensation d’un temps suspendu. Tandis que pour Gabriel Orozco, Michel François ou Michel Blazy, la matière demeure en revanche le lieu privilégié du processus temporel. Mais parfois l’œuvre n’aura jamais lieu…

Extraits du prologue «La pratique de l’art et le temps de la pratique»

«Lorsque je m’attelle à écrire au sujet de perceptions passées, je me trouve dans un processus de re-souvenir, de reconstruction de mes perceptions. Encore faut-il que je les ai suffisamment éprouvées pour en avoir conservé un souvenir. Ma première activité est d’abord une activité de rétention visuelle et perceptive. Face à une Å“uvre, il me faut toujours être vraiment là. Puis je tente de faire voir avec les mots ce que je me souviens avoir vu et éprouvé. À la différence de l’écrivain de fiction ou du pur théoricien, je me trouve à écrire sur des objets rétentionnels, qui deviennent les supports d’une spéculation de ma pensée. […]

J’ai choisi de n’écrire que sur des œuvres que j’ai vues et expérimentées ; de n’écrire que sur des artistes que j’ai connus, des personnes qui m’ont affectées, des œuvres que j’ai installées ou que j’ai vues intimement, et que j’ai prises en affection. Il me semble que les œuvres qui ne me retiennent pas, ne m’offrent pas de vision dans laquelle je pourrais reconnaître quelque chose du monde sensible. Si j’ai été touchée par des œuvres, je veux gager que cette affection pourrait être la même pour ceux qui partagent une attente et une attention semblables.

J’aborde toujours une Å“uvre avec mon corps, qui doit être excité alors que je ne pense pas. Tout à coup je me mets à regarder, à sentir, et à penser sur le « pourquoi ai-je été affectée ». Ma pensée est corporelle, je songe à l’artiste qui a créé ces formes pour exprimer sa vision, mon imaginaire se meut. […]

Mes mots tentent non pas de traduire ce que l’artiste a voulu exprimer, mais révèlent ma vision de l’oeuvre, dans un entrelacs et une unité qui ont constitué notre rencontre. En cela la critique d’art ne saurait se limiter à une quelconque intelligence réflexive qui démonterait des procédés opératoires, ni même à un jugement de goût. Elle ne saurait annexer des œuvres pour discuter de concepts philosophiques qui n’auraient pas eu forcément besoin déHe. je ne peux pas abandonner munédiatement l’œuvre pour discuter de ce qui n’est pas elle. Il faut plutôt que j’apporte mon corps à l’œuvre, que je la laisse m’affecter, pour commencer à trouver des mots.»

L’auteur
Christine Macel
, née en 1969, vit et travaille à Paris. Conservateur au Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, et critique d’art, elle a récemment été la commissaire du pavillon belge à la Biennale de Venise (Eric Duyckaerts) et notamment des expositions «Airs de Paris», «Dionysiac», «Sophie Calle» au Centre Pompidou après avoir dirigé le Printemps de Cahors (Extra&Ordinaire et Sensitive). Elle prépare «Damian Ortega» (2008), «Philippe Parreno» (2009) et une exposition avec Joanna Mytkowska sur les artistes à l’Est de l’Europe depuis les années 60 (2009). 

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