Pièce créée en 2016, Le syndrome Ian poursuit et clôt les recherches de Christian Rizzo sur les danses populaires. Si D’après une histoire vraie, en 2013, s’intéressait au folklore des danses masculines, Ad Noctum (2015) aux danses de salon, Le syndrome Ian s’attache aux danses de club.
Le syndrome Ian : naissance d’une pièce
Prenant pour thème les danses de club, Le syndrome Ian est d’abord l’évocation d’un souvenir personnel. Christian Rizzo, lors de sa première venue à Londres, à la fin des années 1970, découvre dans un club de la ville une ambiance musicale singulière où la musique disco finissante se mêle encore à la musique punk du groupe Joy Division emmené par Ian Curtis. Le prénom du chanteur punk charismatique donne son titre à la pièce de Christian Rizzo et semble, en quelque sorte, porter et condenser dans son souvenir le passage d’une époque de la musique et de la danse de club à une autre autre. Le disco s’efface au profit de la violence frénétique du mouvement punk, avant que ne s’impose la musique électronique.
Mais Christian Rizzo ne semble pas retenir dans Le syndrome Ian ces apparences, ne se contentant pas de reproduire sur scène ses souvenirs. Et contrairement à Cécilia Bengolea, François Chaigneaud, ou Thomas Lebrun, qui ont pu s’intéresser de manière partielle aux danses de club, Christian Rizzo emprunte plus beaucoup plus largement à la gestuelle de ces mêmes danses.
Le Syndrome Ian : la fin d’un monde ?
Sur scène, les neuf interprètes multiplient les gestes caractéristiques de ces danses de club tels les bras jetés en l’air et les déhanchements ; gestes simples qui composent quantité de combinaisons en utilisant avec précision l’espace disponible. Groupes et couples se forment et se défont au rythme de la musique originale du groupe Cercueil. En ce premier moment de la pièce, l’individu semble prévaloir sur le groupe même si se dégage de leurs mouvements une certaine volonté de s’unir aux autres.
Le syndrome Ian donne ainsi à voir l’abandon des corps et le plaisir de danser ressenti par chacun. La souplesse des mouvements tend ici à être soulignée. La pièce est pleine de retenue, de combinaisons maîtrisées, avant de s’accélérer. Ce changement de rythme voit alors les danseurs perdre tout contrôle et fait voler en éclats la communion initiale.