Communiqué de presse
Bruno Rosier
Le Studio Estibal
Bruno Rosier travaille sur les clichés -au double sens du terme- en revisitant les standards de la photographie vernaculaire, administrative ou commerciale, comme la photo de classe, d’identité, de groupe, la carte postale ou l’autoportrait.
Ces figures imposées de l’image sont communes et attestent du parcours social et collectif d’un individu (école, travail, famille); normatives, elles impliquent une attitude du sujet photographié (immobilité, tête dégagée, sourire ou pas, placement) en l’enfermant dans un cadre précis, souvent strict qui le banalise.
De ces clichés accumulés dégagés à priori d’intention esthétique, il peut émaner malgré tout une pulsation de vie, une intimité comme une beauté formelle. Une sorte de dérapage de la convention. Une révélation dans l’instant de la prise de vue.
Cette recherche de l’altérité est celle de Bruno Rosier qui aborde les clichés non pas d‘un point de vue technique, mais pour ce qu’ils nous renvoient: reflets de notre vie, soubassement de notre mémoire, construction de notre identité. Se jouer des cadres et des archétypes, manipuler et détourner les codes, rendre finalement les clichés à celles et ceux qui les peuplent.
Le photographe, qui aime à se démultiplier au gré de nombreux pseudonymes (Bruno Rosier, Preto Roseiro, Emmanuel Kraft, Rosa Morena, José Estibal), sait après Rimbaud que «Je est un autre» et que cette multiplicité au coeur de nous-même est faite du regard des autres.
L’identité: un mystère, fluctuant, insaisissable dont la photographie ici s’empare.