Constance Nouvel, Paul Rousteau, Mathieu Tonetti et Z-M
Le songe, la raison et les monstres
Qu’il s’agisse de réhabiliter la physicalité de l’image, de la questionner dans ses rapport avec la peinture ou la sculpture, de la penser dans le cadre de l’Internet ou sous l’angle classique d’un document offert à l’examen de sa véracité, ces quatre artistes jouent et déjouent les problématiques qui traversent la photographie depuis qu’a débuté l’entreprise de sa théorisation.
Pour donner libre cours à ce joyeux foisonnement, l’exposition est pensée comme une proposition poétique de mise en relation d’images et d’objets, ouverte à toutes les surprises qui peuvent en résulter.
Constance Nouvel développe depuis 2008 un ensemble d’œuvres qui prennent pour point de départ l’analyse critique des caractéristiques et des limites du médium photographique et leur remise en question, souvent iconoclaste. La notion de strate revient régulièrement dans ses travaux, qui se basent sur des prises de vues qu’elle réalise puis reconfigure selon des protocoles prédéterminés rigoureusement. Le sujet et la narration sont tenus à distance, le caractère bidimensionnel est dépassé et l’image devient un objet, à moins qu’elle ne soit un objet qui se révèle être une image.
Au sein d’une réflexion sur l’image, ses diverses modalités d’apparition et ses usages, les travaux récents de Paul Rousteau envisagent les photographies circulant sur Internet en rapport avec la tradition de l’iconographie biblique et catholique. Son livre The book of the holly face juxtapose des images postées sur Facebook et des passages de la bible.
Les grandes photographies des Apparitions sont basées sur des images de la grotte de Lourdes capturées par Google Street View, qui deviennent le lieu de l’intervention artistique.
Mathieu Tonetti évolue dans le milieu des arts visuels et celui de la musique (avec Sébastien Tellier, ou encore Air et Phoenix), disséminant des visions psychédéliques high-tech à la temporalité trouble, qui prennent la forme de films ou d’images fixes présentées sur des supports qui évoquent la sculpture et l’écran. Ses images distordent les représentations quotidiennes d’un monde qui existe autant en images qu’en tant que faits.
Sur la base d’une connaissance approfondie de son histoire, ses figures illustres ou confidentielles et des divers procédés techniques disponibles selon les époques, Z-M aborde la photographie selon un mode expérimental qui met en avant le processus (conceptuel et technique), et élude généralement l’aspect documentaire. Certains de ses travaux peuvent être interprétés comme des actualisations de procédés historiquement connotés, qui se trouvent placés dans un contexte contemporain. Ainsi, ses Laptopograms, sont des photogrammes réalisés à partir d’écrans numériques, confrontant la forme photographique la plus primitive à la fluidité abstraite des images digitales omniprésentes dans le monde contemporain. Les photographies qui résultent de ce processus voient leur matérialité exacerbée par l’intangibilité de leur source.