Jean-Claude Gallotta
Le Sace du printemps
Chaque chorégraphe porte un Sacre en lui. Celui de Jean-Claude Gallotta est gravé au compas sur un pupitre d’écolier. Le futur chorégraphe entend l’œuvre pour la première fois sur un vieux tourne-disque. Assoupi sur son banc en bois, il «s’enrêve» aussitôt, dit-il aujourd’hui. C’est alors qu’il chorégraphiait la dernière séquence de son spectacle précédent, L’Homme à tête de chou, que lui sont revenus ces souvenirs. Par quelle voie secrète?
En guise de réponse, Le Sacre du printemps s’est alors imposé comme le second volet du diptyque commencé avec l’hommage à Gainsbourg: mêmes danseurs, même lumière sélénienne, mêmes énergies venues directement de la musique. Jean-Claude Gallotta a choisi de travailler sur la première version de l’œuvre, qu’il considère comme une des meilleures, rude, sans affèteries, sans brillance décorative, dirigée et enregistrée par Igor Stravinsky lui-même. Pas d’anecdote, pas d’intrigue. Jean-Claude Gallotta ajoute: pas d’Élue, ou du moins pas d’Élue unique, glorifiée puis sacrifiée.
Chaque interprète féminine sera «éligible», tour à tour, pour rétorquer à «l’obscur pouvoir discrétionnaire» des dieux. Du rituel, Jean-Claude Gallotta a également retenu le double sens étymologique de «relier» et de «se recueillir». Il s’agit bien pour lui de se recueillir, comme à genoux, sur les marches de l’autel qui montent et monteront toujours à son adolescence, et de se relier aux maîtres, de Kantor à Fellini, qui l’ont conduit à ne pas l’oublier.
Le Sacre est précédé de deux courts avant-programmes:
I – Tumulte, où le chorégraphe invite danseurs et public à entendre le silence brut de la danse qui précède le déchaînement de la musique.
II – Pour Igor, un solo en hommage au compositeur.
critique
Le Sacre du printemps