Romeo Castellucci
Le Sacre du printemps
La première en 1913 du Sacre du Printemps fit violemment irruption sur la scène artistique mondiale. Alors que la première du ballet au Théâtre des Champs-Élysées fit scandale, le projet connu par la suite le succès qu’on lui connaît. Depuis le début des années 1950, plusieurs chorégraphes en ont proposé des réinterprétions, l’utilisant pour réinterroger leurs propres conceptions de la théâtralité et de la danse.
Au centenaire de cette création majeure, Romeo Castellucci et Teodor Currentzis, charismatique directeur du Perm State Opera (Russie) ont développé une nouvelle approche de la pièce: une soirée sans danseurs où les cent éléments de l’orchestre Music Aeterna investissent le plateau. Castellucci transfigure cette approche et propose une chorégraphie de fines particules, poussières issues d’os d’animaux, pour parvenir à un état de «danse moléculaire où les danseurs auraient été atomisés dans l’espace, pour renaître en nuage de poussière, particules en mouvement jouant la danse éternelle de l’univers».
Cent ans après sa création houleuse au Théâtre des Champs-Elysées, Le Sacre du Printemps, n’a rien perdu de son caractère incisif. «C’est une pièce pour les nerfs, pas pour la conscience. Cela va tellement vite, qu’au niveau épidermique, c’est presque une électrocution», dit Romeo Castellucci, qui a voulu réveiller cet effet de choc. Point de «tableaux de la Russie païenne», mais un ballet de poussière, dont les déplacements, et les jeux de forme sont commandés par le metteur en scène avec un logiciel depuis une machinerie sophistiquée. De la poudre d’os d’animaux fabriquée industriellement est ainsi propulsée dans un cadre de scène suivant la rythmique du Sacre. Dans sa dimension spectrale, ce ballet, tourné vers le sacrifice de l’Élue, résonne comme une évocation de la Genèse : «Oui, tu es poussière, et à la poussière tu retourneras».
Ce Sacre est précédé par une pièce de Scott Gibbons, le musicien qui accompagne le travail de Romeo Castellucci depuis quinze ans. A l’aide d’instruments de haute technologie, le compositeur américain effectue une plongée à l’écoute des bruissements de l’infiniment petit.
Concept et mise en scène: Romeo Castellucci
Son: Scott Gibbons
Musique: Igor Stravinsky (Enregistrement, MusicAeterna, sous la direction musicale de Teodor Currentzis)
Collaboration artistique: Silvia Costa
Programmation ordinateur: Hubert Machnik
Assistant Scénographie: Maroussia Vaes
Assistant Lumière: Marco Giusti
Informations
Deux séances du mercredi au samedi, à 13h et 20h
Deux séances le dimanche, à 13h et 19h
critique
Le Sacre du Printemps