Marko Velk fait partie de ces jeunes artistes pour lesquels la pratique du dessin, terme générique regroupant en réalité une multitude de pratiques en deux dimensions, constitue l’aboutissement et non pas l’entame du processus créatif. Comme l’a démontré le succès récent du Salon du Dessin contemporain à Paris, le dessin est actuellement considéré comme un médium à part entière, et non plus comme la partie cachée de l’œuvre d’un artiste, réservée au désordre de l’atelier ou au secret des archives personnelles.
La légèreté des matériaux utilisés par Marko Velk, fusain et pastel sec, matières volatiles, voire éphémères, ne contredit pas le sentiment de se trouver face à des œuvres abouties, conçues avec la science d’un peintre, mais réalisées avec la spontanéité d’un aquafortiste.
Car plus encore que la peinture, les dessins récents de Marko Velk évoquent la précision et les nuances extrêmes de la gravure, de celle notamment d’un Pierre-Yves Trémois, dans la série au fusain Puzzle (2007-2008).
Les œuvres de cette série font référence à un personnage imaginaire, Karl Kemov, né en Sibérie et mort au Mexique au début du XXe siècle. Le «rêve» de ce personnage est illustré par des Puzzles formels, où Marko Velk entremêle les éléments : chevaux, singes et animaux divers, fleurs et plantes, portraits, insectes, organes et ossatures s’entrechoquent pour créer une illusion de narration, propre au processus du rêve.
La série Absence (2008) est consacrée au portrait et rappelle les enjeux qui déterminent encore aujourd’hui le genre. Entre apparition et définition, les grands portraits de Marko Velk surgissent du fond noir de fusain à la surface de la feuille de papier. Les visages aux yeux clos, malmenés par les ombres qui creusent la chair, évoquent des images fugitives aux rayons X, ou les photographies de spirites du XIXe siècle. Marko Velk rappelle ainsi le mystère de l’avènement plastique de la figure humaine.
A mi-chemin entre songe et apparition, une Å“uvre grand format de près de deux mètres sur deux, Sans titre (2008), porte l’ambiguïté de la représentation à son comble. Un corps nu de femme est soutenu par un homme au visage simiesque, qui lui tient la gorge, et serre son visage contre elle. On ne sait si un drame a eu lieu, mais l’on imagine que bientôt l’ombre va reconquérir la scène. Et ainsi faire disparaître le sujet.Â
Marko Velk
— Absence 3, 2008. Fusain et pastel sec sur papier marouflé sur toile. 160 x 125 cm
— Sans Titre, 2008. Fusain et pastel sec sur papier marouflé sur toile. 195 x 195 cm
— Puzzle, 2007/2008. Fusain sur papier. 55 x 55 cm
— Puzzle, 2007/2008. Fusain sur papier. 55 x 55 cm
— Puzzle, 2007/2008. Fusain sur papier. 55 x 55 cm