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Le rêve de Kemov

12 Avr - 24 Mai 2008
Vernissage le 12 Mai 2008

Le travail de Marko Velk explore le portrait comme autant de double de lui même. S’inspirant des représentations des grands hommes de l’histoire, l’artiste invite le spectateur à un voyage poétique et philosophique sur la tradition mythique de la projection de soi.

Communiqué de presse
Marko Velk
Le rêve de Kemov

Marko Velk à travers ses dessins décrit un rêve, celui de Karl Kemov, son double, personnage fictif né en Sibérie et mort au Mexique
au début du XXe siècle. Un songe hanté de visages ou s’entrechoquent, dans une recherche esthétique de la réminiscence ( sorte de recherche du temps perdu ou occulté), des vues d’objets, de corps, d’organes, ou autre têtes d’animaux étranges non identifiables. Portraits contemporains de figures intemporelles et séquences chaotiques de rêves éveillés. L’économie de moyens est caractéristique du travail de cet artiste : seul le noir du charbon devient couleurs, chairs et présences. L’artiste s’appuie sur les caractéristiques propre au dessin ( économie, force d’évocation) et lui donne ainsi ses lettres de noblesse. Images en négatifs d’un réel aux allures de songes, qui évoquent également les premiers négatifs de la photographie puis ses avatars avec ses images qui prétendaient saisir l’image de spectres ou de personnes disparues et qui fleurirent au XIX ème siècle. Le visage comme apparition s’inscrit dans une longue tradition occidentale. Le portrait est au coeur de notre histoire de la représentation, son fondement.

Par le cadrage de ses oeuvres, Marko Velk souligne ce caractère quasi mythique de la représentation de la figure. Notre tradition a depuis le christianisme développé différents mythes sur l’apparition du visage dans l’art occidental. On raconte ainsi qu’en Asie Mineure, le roi d’Edesse, Abgar V, prince de Mésopotamie au premier siècle et atteint d’une maladie incurable envoya son archiviste, Hanna, chercher Jésus afin de le guérir. Hanna voulu réaliser le portrait du prophète mais cela ne lui fut pas possible “à cause de la gloire ineffable de son visage qui changeait dans la grâce”. Le Christ prit alors un linge, s’y lava le visage et ses traits se fixèrent sur la toile donnant naissance au “Mandylion”, réputé première icône. Autre tradition, celle-ci venue de Rome, sous l’empire de Tibère-César : sur son chemin de croix, le Christ croisa une femme, Véronique (“Verum Eikon”: image authentique) qui aurait miraculeusement recueillie sur un linge l’image de Jésus. Ainsi naquit le Saint Suaire. Véronique est devenue par la suite la sainte patronne des photographes et ce n’est pas un hasard. Ses portraits rêvés pourrait être d’ici ou d’Asie Mineure, d’aujourd’hui ou d’hier. Et c’est ce tour de force auquel nous invite ce jeune artiste qui parvient à relier cette longue tradition à notre art le plus actuel.

Ces portraits, bien qu’actuels, nous invitent inconsciemment à un compte à rebours. Il y a des airs de connaissances dans ces portraits. Cette remontée du temps va bien au-delà de ces traditions chrétiennes : les figures dessinées ,certaines quasi sculptées dans le papier, pourraient être des visages antiques venus d’Amazonie ou encore d’Afrique. D’autres sont d’inspiration Renaissance Occidentale, si l’on peut dire. Cette traversée du temps et de l’espace s’apparente à une recherche de nos origines. Le baiser de cet ange déchu à cette figure simiesque est comme une rencontre incertaine entre les arts , une quête de nos origines où Adam et Eve seraient remplacés dans ce paradis perdu par cet être-singe et cet homme de culture. Une descente de croix, du ciel à notre trop humaine condition. C’est peut-être cela le rêve de Kemov : nous réunir dans un même regard. Nous, hommes d’hier et d’avant, d’ici ou d’ailleurs, notre part humaine et celle dite animale.

critique

Le Rêve de Kemov. Dessins

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