Camille Henrot
Le Renard pâle
Conçue à partir des recherches menées par Camille Henrot pour son film Grosse Fatigue (Lion d’argent à la Biennale de Venise 2013) l’exposition «Le Renard pâle» s’attache à cartographier différents récits et représentations de l’histoire de l’univers. Nourri de cultures, de pratiques et de sciences qui tendent à synthétiser les connaissances humaines en un seul objet, ce projet trace les contours et les limites du besoin proprement humain de façonner un monde et un discours unifiés.
À chacun des quatre murs reconfigurant l’espace de Bétonsalon est associé un point cardinal, une étape du cycle de vie, un degré d’avancement de la technologie, un principe philosophique de Leibniz et l’un des quatre éléments fondamentaux. Déployée comme une frise autour de cet espace, une étagère polymorphe permet à l’artiste d’agencer un ensemble de dessins, d’images imprimées ou numériques, de sculptures en bronze et céramique, d’objets trouvés ou achetés sur eBay. Mettant en tension différents systèmes de classification et de pensée, cette accumulation d’objets désigne l’entropie et le désordre comme principes fondateurs pour l’acte créatif et la constitution de la connaissance.
Le titre de l’exposition est issu d’une étude anthropologique du peuple Dogon d’Afrique de l’Ouest, publiée par Marcel Griaule et Germaine Dieterlen en 1965. La mythologie Dogon englobe les systèmes de croyance de différentes cultures, ainsi que des systèmes de pensée mathématiques, astronomiques et philosophiques. Le personnage du «Renard pâle» représente au sein de cette méta-narration le chaos, mais également la création — engendrant notamment la formation du soleil.
Parcourant différentes échelles et chronologies, de l’histoire de l’univers à l’atelier de l’artiste, cette exposition propose un modèle singulier de compilation et de stockage d’informations. Associant la construction du savoir à l’expérience tactile et sensuelle, Camille Henrot y livre sa propre histoire de l’univers, tout en mettant en évidence le fait que le monde et l’humanité débordent la représentation.
critique
Le Renard pâle