Présentation
Arnaud Claass
Le réel de la photographie
Ce livre rassemble des réflexions sur les particularités évolutives de la photographie et sa relation aux autres arts visuels, à la littérature, à la vie artistique et culturelle. Il ne constitue pas une thèse mais un écrit d’artiste traversé par des lignes théoriques. Son idée centrale: la photographie n’est pas une entité fixe, mais elle présente des singularités qu’on ne saurait ignorer. Cet essai comprend un certain nombre d’images historiques ou contemporaines où sont convoquées en exemples et font l’objet d’un bref commentaire.
Inspirées par un amour intense de la photographie, les pages qui suivent ne cherchent en aucune manière à en dresser une théorie. Peut-être supposent-elles même, dans leur nomadisme, qu’un tel projet relèverait de l’impossible. Elles tentent de cerner l’un de ses pouvoirs les plus étranges, souvent qualifié d’«effet de réel». Source d’un plaisir unique face à la beauté du monde, d’une inépuisable interrogation sur la nature de la réalité, sur le statut des événements historiques et de la violence sociale, sur la définition changeante de l’art, de la mémoire ou du soi, marqueur des effets de la technologie sur nos perceptions, et par-dessus tout de la plasticité du temps, cet effet est également le motif d’une remise en question constante de la photographie par elle-même. Les images sont des objets auxquels nous aimons croire, mais aussi ne pas croire. On ne s’étonnera pas de trouver ici des développements, parfois polémiques, sur la porosité des frontières entre des pratiques institutionnellement considérées comme artistiques et d’autres qui semblent échapper à cette qualification.
SOMMAIRE
— L’énigme sans énigme
— Cadrer le temps
— L’intention et la réalisation
— Le réel du visage
— Incertitude des genres
— De la photographie comme dictionnaire étymologique des situations
— Exhiber des comparaisons
— Cohérence de la banalité
— L’ironie de l’instant
— L’ironie du sort
— Dans l’œil du cyclone
— Instant, instance, insistance
— Valeur-travail. Le tirage comme superfétiche
— De la peinture comme photographie et inversement
— Cotes et surcotes
— La photographie comme non-spécialisation
— Le principe du plaisir photographique
— L’objet insistant
— Désormais plus de «désormais»
— Passage à l’art
— La photographie à la quête de sa dé-définition
— Bref retour à Arthur Danto
— Le détournement détourné
— Sur la question de l’expression en photographie
— La ruse de la beauté