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Le Petit Christian 2

Christian est un jeune strasbourgeois qui vit avec son frère, son père et sa mère. L’acharnement du hasard a voulu qu’il débarque en sixième et tombe amoureux de Catie Borie, la fille aînée des amis de ses parents. Deux événements qui scellent son entrée dans l’adolescence. Le voici désormais tiraillé entre les premiers sursauts de l’amour et son code génétique de mâle qui lui interdit formellement de sombrer dans les sentiments.

Le petit Christian retrouve Catie pour les vacances estivales lorsque les deux familles se rejoignent dans la location saisonnière. Plus désemparé que jamais, Christian ne peut avouer son amour ou alors juste pour lui, dans sa chambre et avec l’emphase d’un gentilhomme du Grand Siècle.
Pour l’écouter, il y a son double-démon déguisé en cow-boy prêt à tout pour le raccrocher au monde des jeux de garçons. Et le cortège de ses héros de posters, Steve McQueen, Charlton Heston et Marlon Brando en tête. Du courage et du flegme dans toutes les situations: le petit Christian sait à quels saints se vouer mais sa réalité est parfois plus complexe que la fiction qu’il l’habite. Car si Christian grandit et passe sans trop d’embûches les années collège, Catie Borie grandit aussi et change irrémédiablement…

Blutch se tire le portrait à travers ce petit Christian. Un garçon timide mais résolu à ne pas ressembler à ses contemporains. A son père qui traîne un accent alsacien à couper au couteau, à sa mère trop protectrice, à son petit frère chicaneur ou à ses camarades de classe plutôt bêtas. Christian trouve refuge dans le dessin qui attire (déjà!) l’admiration des filles, dans les westerns, les acteurs charismatiques, et de temps en temps dans son pouce qu’il suce encore.
Des souvenirs, des fantômes et des jouets qui soudain ont la consistance de la réalité. C’est toute l’ingéniosité de Blutch que de croiser dans la même scène son petit personnage et les fabulations qui l’accompagnent.

Mais au-delà de Christian l’amoureux transis, de cette piqûre de nostalgie que l’on s’assène pour en rire et qui par moment tourne en rond, il y a l’impeccable dessin de l’auteur. Un trait rapide, acéré, souvent à la limite de la lisibilité lorsqu’il entre dans les épaisseurs du crayon, et pourtant toujours juste dans la captation des caractères et des expressions. Certainement parce que dans ses récits, Blutch sait se montrer sombre également, tragique et violent. Ses tranches d’humour, comme celles du petit Christian, chargées de cette rude incarnation n’en ont que plus de saveurs.

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