Nicolas Darrot
Le Pays gras
L’univers de Nicolas Darrot est autant peuplé de machines que de contes, de mécanismes que de fables. Manipulateur précis, il invente des mondes où les corbeaux racontent des histoires, où des insectes-drones survolent le monde et où les appareillages sophistiqués font naître de belles ou de tristes fables. Entre souvenirs d’enfance, rêves d’adolescent, ses bricolages ingénieux parlent lorsqu’on les regarde, s’animent lorsqu’on s’approche d’eux, invitent à y regarder de près et à observer avec attention la minutie avec laquelle ces drôles de créature deviennent vivantes.
Il est souvent reproché à l’art contemporain d’exposer une froideur calculée, tenant à distance ceux qui n’en n’auraient pas les clés. Quoique cela s’avère souvent injuste, cette opinion ne concerne qu’une partie de l’art. Nombreux sont les artistes qui puisent dans l’histoire, dans l’imagination pour réinventer un monde où le merveilleux côtoie le surprenant, l’inattendu le raffinement.
Nicolas Darrot est de ceux-là  : passionné par les relations de mimétisme entre le vivant et l’artificiel, il transfère la capacité de l’un à l’autre, il décalque les mouvements de l’un sur l’autre en de savants montages qui prennent la forme de machines animalesques. L’humour n’est jamais loin, qui reste la meilleure thérapie devant la prétention.
Pour son projet au château d’Oiron, Nicolas Darrot réalisera cinq nouvelles sculptures, conçues comme une extension du Cabinet de curiosités, et disposera dans l’ensemble du château des œuvres qui poursuivront le dialogue avec le passé et le futur. Six corbeaux retraceront l’histoire du château, un cerf reprendra vie, des nouveaux compagnons rejoindront les Misfits de Thomas Grünfeld…
Héritier des fabricants de machines célibataires, de Panamarenko comme de Tinguely, il offre une vision de l’art oscillant entre pulsations électroniques et battements poétiques.