Dennis Adams, Neals Beggs, Jean-Daniel Berclaz, Vincent Bonnet, Stanley Brouwn, André Cadere, Janet Cardiff, Laurie Clark, Thomas A. Clark, Herman de Vries, Susanne de Vries, Jan Dibbets, Mark Dion, Peter Downsbrough, George Dupin, Hans Eijkelboom, Hans-Peter Feldmann, Estelle Fredet, Hamish Fulton, Alexandre Gérard, Paul-Armand Gette, Andrea Geyer, Penny Hes Yassour, Gottfried Honegger, Douglas Huebler, Valérie Jouve, Allan Kaprow, Bernard Lassus, Bertrand Lavier, Richard Long, Sylvain Maestraggi, Laurent Malone, Muriel Modr, Stuart Mugridge, Jean-Christophe Norman, On Kawara, Martin Parr, Abraham Poincheval, Anne et Patrick Poirier, Till Roeskens, Jan Rothuizen, Ami Sioux, Laura Solari, Adel Tincelin, David Tremlett, Urbain trop urbain, Francis Van Maele, Hans Waanders
Le Pas et la Page. Approches de la ville et de la nature dans le livre d’artiste
«Le Pas et la Page» se propose d’explorer la manière dont, par le livre, des artistes rendent compte de leur expérience de la ville et de la nature quand ils les parcourent à pied. L’objet de cette exposition n’est donc à proprement parler ni la marche, ni la nature ou la ville, mais le point de vue particulier sur l’une ou l’autre que seul permet le déplacement à pied: une expérience à l’échelle du corps humain, de ses capacités et de son rythme, dans un environnement donné, urbain ou naturel.
Une première version de cette exposition, exclusivement consacrée à l’approche de la nature, a eu lieu au musée Gassendi à Digne-les-Bains en 2013. Pour sa version marseillaise au Frac, elle a été à la fois condensée et augmentée d’un volet inédit consacré à l’approche pédestre de la ville.
Ce diptyque invite à comparer deux types d’expériences, dualité dont rend bien compte la confrontation de deux textes écrits au milieu du XIXe siècle, au moment du développement de l’industrialisation et de la naissance des villes modernes. Charles Baudelaire, en 1863, dans Le Peintre de la vie moderne, fait l’éloge de la figure citadine du «flâneur», qu’il décrit comme un «être hors de soi» parce que sollicité de mille côtés par le «kaléidoscope» d’une ville en mouvement constant et dont la frénésie est contagieuse. Henry David Thoreau, en 1851, dans Marcher, voit au contraire la marche dans la nature «sauvage», comme le moyen de se retrouver soi-même, d’être «où se trouve [son] corps», d’être libre.
Dans la nature, le marcheur, a fortiori l’«artiste marcheur», généralement solitaire, choisit son chemin, l’esprit ouvert à ce que l’effort de son corps lui permet de découvrir dans la variété de ce qui lui est donné, ce qui se marque par des œuvres directes, concrètes, sensibles. Dans la ville, au contraire, le flâneur, a fortiori l’artiste piéton, au milieu de la foule, canalisé par les voies de circulation et soumis aux flux ininterrompus d’informations hétérogènes, doit toujours plus ou moins s’imposer, imposer son projet à l’environnement urbain. C’est significativement de ce côté que l’on trouve les livres les plus conceptuels.
Commissariat
Anne MÅ“glin-Delcroix & Pascal Neveux
Vernissage
Vendredi 20 mars 2015 Ã 18h