Mathieu Briand
Le Monde Flottant
Une exposition en deux chapitres:
> au Palais de Tokyo, «Le Monde Flottant», du 4 décembre 2003 au 18 janvier 2004
> au Musée d’art contemporain de Lyon, «Derrière le Monde Flottant», du 5 mars au 7 mai 2004
Le Monde de Mathieu Briand
Mathieu Briand est un perturbateur. Il aime provoquer nos sens, nos perceptions, il aime brouiller les règles, bouleverser notre rapport à l’espace et aux objets, inverser les points de vue. Toutes ses installations en sont la preuve: qu’il nous propose d’appréhender notre environnement au moyen d’une caméra portée par quelqu’un d’autre, de conduire un véhicule que l’on ne peux voir ou de bondir devant sa propre image désynchronisée, les expériences qu’il nous offre sont autant de confrontations à des espaces intermédiaires, situés quelque part entre réalité perceptible et déplacement de l’imaginaire.
Comment se mouvoir sur un territoire donné lorsque les règles de la vision sont modifiées? Quand ce que l’on «voit» est, en réalité, ce qui est vu par un autre, lorsque l’effet de ses propres mouvements est perçu par un autre regard, enregistré par un autre cerveau? Qu’en est-il alors de sa propre autonomie? S’en trouve-t-elle inhibée par cette perte totale de contrôle sur soi ou, au contraire, nous offre-t-elle l’occasion de sortir enfin de nous-même? C’est, en tout cas, la mise en place de ce type d’expérience qui intéresse l’artiste et c’est ce renversement de valeurs qu’il nous invite à pratiquer dans certaines de ses œuvres les plus complexes.
Souvent, les machines sont au premier plan: robots, caméras, ordinateurs, croquis techniques, plans, modes opératoires, émetteurs et capteurs, dessinent un univers technique codifié dans lequel les noms d’œuvres sont transformés en codes cryptés et impénétrables. Mailles d’un système qui semble lourd de sens cachés et riche de réseaux dissimulés, elles ne servent souvent qu’à dresser un écran aisément contournable et dont le but est de nous faire perdre un peu de cette réalité tangible dont nous avons du mal à nous départir. Un obstacle à franchir, donc, comme une porte ouvrant sur un autre monde aux valeurs décalées, déplacées, perturbées.
Au Palais de Tokyo, «Le Monde Flottant», propose un voyage. Conçu comme une expérience sensorielle totale, le parcours demande préparation. L’immersion visuelle et sonore, le sol instable, la plastique virtuelle de l’espace sont autant d’éléments qui donnent forme à un moment suspendu tel que Mathieu Briand aime à les créer. Le parcours sera peut-être éprouvant, ou fascinant, ou onirique. Et cela, seule la pratique de l’œuvre le dira.
Puis, quelques mois après, au Musée d’art contemporain de Lyon, toute une exposition de l’artiste se tiendra «Derrière le Monde Flottant». Passage obligé pour y pénétrer, épreuve initiatique, test d’engagement et de résistance pour le public, là aussi Mathieu Briand est à la recherche de limites. Celles de la pratique de l’œuvre, de sa traversée physique et sensible, de ce à quoi elle conduit et de ce sur quoi elle donne.
Peut-être aurons-nous appris quelque chose de plus sur nous-mêmes en quittant «Le Monde Flottant». Peut-être le voyage aura-t-il valu la peine, peut-être voudrons-nous en savoir plus ou serons nous découragés devant tant d’efforts à fournir. Mais c’est cela même qui intéresse l’artiste. Ce parcours en commun, cette rencontre complexe qui, sous la forme d’un jeu, d’une aventure, d’un voyage fantasmatique ou d’une mise en question de soi-même, n’est, en fait, que la tentative de créer des liens, d’en élargir le sens et d’offrir en partage ses hallucinations.
Commissaires
> Marc Sanchez
> Thierry Raspail
> Isabelle Bertolotti
Partenariats
L’exposition est produite dans le cadre du programme Module réalisé en collaboration entre le Palais de Tokyo et la Caisse des Dépôts et Consignations.
critique
Le Monde flottant