Yves Klein, Claude Parent
Le Mémorial. Projet d’architecture
Cette exposition est consacrée à la collaboration entre Claude Parent et Yves Klein. A travers une sélection de dessins originaux et la présentation de la maquette du projet de Mémorial dédié à Yves Klein par Claude Parent, l’exposition rend compte de la collaboration pionnière et intense entre l’artiste et l’architecte et du projet architectural que Claude Parent a conçu peu de temps après la disparition d’Yves Klein, à la demande de sa mère Marie Raymond et de son épouse Rotraut.
La collaboration avec les créateurs de son temps, artistes, architectes, designers, photographes et cinéastes a très souvent rythmé l’œuvre d’Yves Klein et revient régulièrement dans ses écrits. De son côté, Claude Parent a revendiqué pour sa création l’importance primordiale des rencontres et compagnonnages successifs. Les duos formés avec Lionel Schein, André Bloc, et Paul Virillo en témoignent, marquant l’actualité architecturale et intellectuelle des années 50 et 60.
Cette exposition est l’occasion de célébrer cette rencontre entre Klein et Parent, qui ont su dépasser largement la simple collaboration technique. Car si Claude Parent a collaboré avec de nombreux artistes, dans le cas d’Yves Klein il s’agit d’un don sans réserve de son talent, d’un don non critique.
Claude Parent s’est volontairement immergé dans l’univers d’Yves le Monochrome, il s’est mis au service d’une entreprise de retranscription picturale de ses idées: c’est une collaboration asymétrique où l’artiste conçoit et l’architecte dessine et peint.
Après la mort d’Yves Klein, par delà les réminiscences attendues d’une conception partagée de l’espace, Claude Parent a prolongé cette collaboration unique avec un projet de monument qui vise, selon ses termes, «à une interprétation architecturale de la pensée d’Yves Klein dans ce qu’elle propose de plus fondamental». La réalisation de ce projet est plus que jamais d’actualité, à mesure que s’approfondit la connaissance et s’accroit la reconnaissance de l’œuvre de Klein comme celle de Parent.
La seconde demeure d’Yves Klein par Claude Parent
«Ce projet se gardant de reconstruire et pétrifier les thèmes de l’artiste, vise plutôt à une interprétation architecturale de sa pensée dans ce qu’elle propose de plus fondamental. Il s’agit de réaliser sur trois niveaux un parcours continu, enchaînant des espaces différenciés, parcours ponctué d’ÉLÉMENTS CYLINDRIQUES visant les trois directions de l’espace. Ces tubes de béton par leurs positions propres VISENT à illustrer pour le visiteur le VIDE, L’IMMATÉRIEL, LE MONOCHROME, LA COSMOGONIE par la simple découpe du ciel de Nice. En effet grâce au positionnement différent de ces capteurs de l’infini, la perception visuelle du bleu est différente: La diagonale donne la vision atmosphérique La verticale au-dessus de la tête du visiteur suggère l’immatériel. L’horizontale pousse au vide du bleu de Klein La verticale inversée nous entraine vers la mort: le CI-GIT.
Cette dernière direction plongeante nous conduit à l’exploration de l’espace cryptique et répond en négatif à l’élévation verticale vers l’immatériel. Toutes ces visions verticales, horizontales, inclinées à 45°, s’enchainent dans un chemin très étroit où le visiteur se présente seul, debout, isolé dans le rêve d’Yves Klein. Pour mieux cerner cette solitude nécessaire, le cheminement sera fait de la poudre du pigment bleu IKB protégé par des plaques de verre transparent: seule présence du bleu Klein dans le projet, confronté aux bleus du ciel de Nice auxquels Yves Klein fait (dans ses textes) toujours allusion au titre d’une référence fondamentale. C’est dans cette confrontation essentielle de l’œuvre; de la pensée de l’artiste et de la nature, c’est dans cette découpe sur le ciel des trois directions du projet de mausolée que l’architecture proposée espère exprimer la certitude de la survivance d’Yves Klein si ancrée dans le cœur de ses amis.»
Texte de Claude Parent définissant son projet architectural du Mémorial d’Yves Klein, 1964 ca.
Co-commissariat de l’exposition: Fabienne Fulchéri et Eric De Backer, assistés de Claire Spada
Membre du réseau Botox(s).
critique
Le Mémorial. Projet d’architecture