Charlotte Posenenske
Le Même, autrement
Les tubes carrés, en acier ou en carton consistent en divers éléments qui peuvent être combinés en de nombreuses installations, toutes différentes. Celles-ci peuvent se présenter verticalement sous forme de colonnes ou se répandre au sol en de multiples ramifications (ressemblant à des conduits de ventilation), et même être suspendues au plafond comme lors de la Documenta 12. Les éléments sont toujours identiques, mais présentés dans des installations différentes, des endroits différents, des contextes différents, et souvent en dehors des galeries (par exemple, sur des places ou dans des gares). Ce concept d’œuvre modulable contribua à la notoriété de l’artiste. Les installations se développent à la fois dans l’espace et dans le temps. Une installation de 2011 peut ainsi être la continuation d’une installation de 2006. Une oeuvre n’est jamais terminée; elle est infinie. L’artiste a énoncé l’ensemble de ses idées dans un Manifeste publié dans Art International en mai 1968:
«Les choses que je fais sont modifiables, car reproductibles aussi facilement que possible. Elles font partie intégrante de l’espace parce qu’elles s’apparentent à des éléments de construction; elles peuvent être sans cesse recombinées ou repositionnées, en vertu de quoi elles modifient l’espace. Je laisse au consommateur le soin de les transformer, ce dernier est dès lors continuellement appelé à participer à leur réalisation. La simplicité des formes géométriques fondamentales est à la fois empreinte de beauté et propre à visualiser les principes du changement rationalisé. Je réalise des séries parce que je ne veux pas faire de pièces individuelles pour des individus; afin de disposer, au sein d’un système, d’éléments pouvant être combinés; afin de faire quelque chose de réitérable, d’objectif; et parce que c’est économique. Les séries pourraient être des prototypes destinés à la production de masse. La série DW [chez Fischer] est en carton ondulé, un matériau léger et bon marché, voué à la consommation. […]»
Charlotte Posenenske.
Offenbach, le 11 février 1968.
Traduit de l’allemand par Patrick Kremer.
Tous les objets de Charlotte Posenenske présentés ici, sont des répliques de «prototypes destinés à la production de masse», conçus en 1967. L’artiste souhaitait que l’œuvre d’art soit à la portée de tous. L’accessibilité de son art est rendue possible par la géométrie des formes, un prix abordable, des installations en extérieur et même la participation des «consommateurs», les personnes en charge des œuvres et de leur réinstallation (commissaires d’expositions, personnel de galerie, collectionneurs ou communauté). Le «consommateur» est par conséquent impliqué dans le processus créatif et responsable du résultat final.
critique
Le Même, autrement