Par Alice Groult
Un édifice monumental de 24000 m2, conçu par l’architecte Jean Nouvel sous le modèle d’une ville flottante, devrait voir le jour sur l’île artificielle de Saayidat (Ile du bonheur) d’ici 2013, au cœur des Émirats arabes unis.
Le «Louvre des sables» se propose d’être un lieu de dialogue entre  les cultures du monde entier, mais surtout avec la France. Sa construction vient au terme d’un contrat, peu médiatisé certes, mais qui n’a pas été sans soulever des polémiques.
Des chiffres, d’abord, et pas des moindres: 425 millions d’euros seront versés au Louvre pour l’utilisation de la marque. Près d’un milliard d’euros en tout pour la France, en contrepartie de l’assistance technique, des expertises, mais surtout des prêts d’œuvres.
Le Louvre s’est engagé à prêter 300 œuvres au maximum par an, sur une période de trente ans – le Musée d’Orsay, le Centre Pompidou, le Musée Guimet et le Musée du Quai Branly prêteront eux aussi une partie de leur fonds au musée d’Abu Dhabi.
L’accord a donc provoqué des protestations récurrentes, qui s’appuient notamment sur le thème de la marchandisation de la culture et sur l’absence des œuvres durant les périodes de prêt. Une pétition a ainsi rassemblé nombre de signatures, parmi lesquelles celles de conservateurs de musées, d’historiens de l’art et de spécialistes. Françoise Cachin, ancienne directrice des Musées de France, a signé un article dans Le Monde du 13 décembre 2007, intitulé «Les musées ne sont pas à vendre», qui dénonçait à travers un Louvre installé dans une station balnéaire et touristique un «business spectacle».
Selon Henri Loyrette, président du Louvre et en charge de la coordination de ce projet, «il est sain et normal qu’en tant que premier musée national, le Louvre serve les intérêts de la France et contribue à son rayonnement».
A terme, l’île de Saayidat accueillera également le Musée Guggenheim d’art moderne, un Musée maritime et un Centre des arts vivants… mais aussi deux terrains de golf, des hôtels de luxe, des équipements administratifs et de nombreuses bases de loisirs.
A lire :
— Le Figaro, 26 mai 2009
— Le Monde, 28 mai 2009