Présentation
Martin Parr, Gerry Badger
Le livre de photographies: une histoire, volume III
Depuis la publication du premier volume, en 2004, et du deuxième, en 2006, Le livre de photographies: une histoire fait autorité en ce qui concerne l’évolution du «livre sur le livre», à la fois pour les amateurs enthousiastes, les spécialistes et les bibliophiles.
Le livre de photographies: une histoire, volume III prolonge cette étude de référence en examinant les orientations du livre de photographies pendant la guerre froide, puis au tournant du nouveau millénaire et à l’ère d’Internet. Cet ouvrage se penche sur les publications de photographes célèbres, allant de Joel Meyerowitz, John Gossage et Kazuo Kitai à Walter Pfieffer, Susan Meiselas et Roger Ballen, et également sur nombre de livres signés de photographes moins connus, qui permettent de redéfinir le livre de photographies à une période à la fois stimulante et passionnante pour la photographie professionnelle.
En dépit de la «mort du livre» maintes fois annoncée, de l’influence des sites de partage et des réseaux sociaux tels que Youtube et Flickr, ainsi que de l’émergence du «citoyen reporter», qui peut réaliser des images avec son smartphone et les publier instantanément en ligne, beaucoup de photographes considère encore le livre de photographies comme le support le plus important pour transmettre leur vision. Il est clair que les évolutions technologiques qui semblent menacer l’objet livre donnent en fait aux photographes un contrôle de plus en plus grand, non seulement sur la reproduction de leurs images, mais aussi sur la façon de les associer et de les présenter, sous la forme d’éditions limitées, de coffrets ou de volumes multiples en impression à la demande.
«Selon Roland Barthes, la photographie est plutôt un faux souvenir, une réminiscence aléatoire qui évoque le souvenir: «Non seulement la Photographie n’est jamais, en essence, un souvenir […] mais encore elle le bloque, devient très vite un contre-souvenir.» Les millions de personnes de par le monde qui postent leurs clichés sur Internet s’en offusqueraient certainement. Pour elles, ces photographies n’évoquent pas simplement des souvenirs: la photographie en tant que talisman.
En tout état de cause, photographie et mémoire sont intimement liées. On peut diviser les ouvrages qui s’apparentent à des livres de photographies de souvenirs en deux catégories. La première traite des souvenirs personnels, la seconde de la mémoire culturelle et collective. Certains livres jettent des ponts entre les deux, surtout si l’on considère que le souvenir ne peut être dissocié de son époque. Ainsi, quelqu’un ayant vécu la Seconde Guerre mondiale en aura des souvenirs subjectifs mais partagera la mémoire plus générale de tous ceux qui en ont été témoins. Ceux qui sont nés après la guerre n’ont pas de souvenirs directs de l’événement, mais ils en ont connaissance: il s’agit d’un «savoir commémoratif» émanant de la mémoire collective inscrite, dans l’histoire factuelle et dans la mythologie culturelle.»
Sommaire
— Préface
— Introduction
— Chapitre I. Rapport d’étapes. Le foisonnement du livre de photographies de propagande
— Chapitre II. Documents de colère et de tristesse. Le livre de photographies et la protestation
— Chapitre III. Les enfants vont bien. Le désir et le livre de photographies d’après-guerre
— Chapitre IV. Monuments à nos moments. Vie moderne et livre de photographies
— Chapitre V. D’ici et d’ailleurs. Le livre de photographies et le lieu
— Chapitre VI. Terrains mortels. Le livre de photographies et le conflit
— Chapitre VII. Regard sur soi. Livre de photographies et identité
— Chapitre VIII. Memento mori. Le livre de photographies et le souvenir
— Chapitre IX. Cannibalisme pictural. Représentation et re-présentation de la photographie
— Notes
— Références bibliographiques
— Index