A l’origine du Lieu du design, il y a un constat : si la plupart des grandes entreprises ont déjà saisi l’importance du design en termes de compétitivité et de productivité, beaucoup de PME conservent une attitude plutôt méfiante à son égard. Au mieux, le design est vu comme un moyen de donner une jolie enveloppe à un produit ; au pire, comme une source de coût sans aucun retour sur investissement.
L’enjeu consiste donc à les convaincre de l’intérêt de cette discipline, trop souvent cantonnée à son aura déco-bobo. Comme le souligne Stéphane Simon, le Directeur opérationnel du Lieu : « une étude du Design Council a établi que 100€ investis dans le design peuvent générer 236€ supplémentaires en termes de chiffres d’affaires. » Dans un contexte de crise, de montée d’une conscience écologique au niveau du grand public et d’apparition d’impératifs d’éco-conception au niveau de l’industrie, l’adoption d’une démarche de design industriel et d’éco-design apparaît de plus en plus comme un levier de croissance économique.
Cette démarche, le Lieu du design aura précisément pour mission de la diffuser auprès du tissu industriel francilien… avec une « feuille de route » résumée par Jean-Paul Huchon, Président de l’association et du Conseil régional d’Ile-de-France, par une formule sans nuances : « design or decline ! ». Pour mener à bien ce programme, le Lieu s’est doté d’un espace de 800 m2 dans un passage du Faubourg Saint-Antoine (à Paris) qui accueille déjà le Centre francilien de l’innovation, la matériauthèque matériO et le pôle de compétitivité Cap Digital.
Au-delà de son aspect pratique, cette proximité avec d’autres intervenants de la filière design a valeur de symbole : le Lieu assure que son intention n’est pas de se substituer aux organisations déjà existantes mais au contraire de les fédérer, en se positionnant comme un point central d’accueil, de conseil et d’orientation. Des conventions de partenariat ont déjà été signées avec l’APCI, l’Agence pour la promotion de la création industrielle, et l’INPI, l’Institut National de la Propriété Industrielle.
Les entreprises qui ambitionnent d’intégrer le design à leur politique d’innovation peuvent d’ores et déjà contacter Renan Sobaga, le chef de projet du Lieu, qui les informe sur les dispositifs d’aide à l’innovation, les met en relation avec des designers, et les accompagne dans le déroulement du projet. Un service similaire d’information et d’orientation est proposé aux designers qui démarrent leur activité ou sont à la recherche d’opportunités. A date, plus de 150 entreprises et designers ont sollicité ces services. Lesquels devraient continuer à se développer au cours des 18 prochains mois. Un cycle de formation sera notamment lancé au premier trimestre 2010.
A noter également qu’un bon nombre de ressources seront progressivement accessibles sur le site lelieududesign.com : annuaires de designers, bases de données d’appels d’offres et d’appels à projets, listes de concours, veille technologique et économique, etc. Une inscription (payante) sera nécessaire pour accéder à une partie de ces contenus.
Force est toutefois de constater que ce catalogue de prestations s’adresse aux entreprises ayant déjà une disposition favorable par rapport au design. Pour les plus réfractaires, le Lieu mise avant tout sur son centre de conférences, dans lequel seront organisés des colloques de sensibilisation aux bénéfices de cette discipline, et sur son espace d’exposition, où chacun pourra venir découvrir des exemples de réalisations. Cette stratégie sera-t-elle suffisamment offensive pour « inoculer le virus du design » à ceux qui doutent de son efficacité ? L’heure n’est pas encore au bilan. Souhaitons donc bonne chance à cette initiative, qui témoigne (et ce n’est pas le moindre de ses qualités) d’une volonté politique de replacer le design au centre du débat sur la compétitivité économique des entreprises.