Présentation
Alessandro Imbriaco
Le Jardin
Déjà lauréat du Canon Award for Young Photography (2008), Alessandro Imbriaco, photographe italien né à Salerne en 1980, confirme avec ce nouveau travail la pertinence de son approche du photojournalisme.
Distribué par l’agence photographique Contrasto (Rome) et représenté par la galerie Forma (Milan), Alessandro Imbriaco a suivi à partir de 2008 le cursus du Reflexions Masterclass, dirigé par Giorgia Fiorio et Gabriel Bauret, et a été sélectionné en 2011 pour le Masterclass du World Press Photo.
Depuis plusieurs années, il s’intéresse aux questions sociales liées au mal-logement récurrent dans les grandes métropoles européennes. En liaison avec les associations ou organismes qui se consacrent aux difficultés que rencontre une part toujours croissante des populations urbaines pour se loger, il parcourt Rome et son tissu urbain pour documenter la vie de centaines de familles qui survivent dans une extrême précarité dans des zones ou des espaces en marge de la ville.
C’est au cours d’une de ses enquêtes que le photographe a découvert le territoire du “jardin d’Angela”. Situé sous un viaduc de la rocade est de Rome, dans une zone d’intense spéculation immobilière, ce jardin, délaissé de tous, prolifère sur un bras marécageux de la rivière Aniene. Eu égard à sa faune particulière (renards, oiseaux), la municipalité romaine envisagea un temps d’en faire un site sous protection environnementale.
Cette mesure de classement n’ayant jamais abouti, le jardin, livré à l’abandon, est paradoxalement devenu un îlot de survie où a trouvé refuge une famille de sans-abris dont Alessandro Imbriaco nous raconte l’histoire.
C’est dans une cabane nichée sous le viaduc qu’Angela, petite fille de six ans, a vu le jour et grandi; ses parents, Piero, immigré de Sicile, et Luba, exilée de Russie, l’ont éduquée dans ce refuge sûr mais rudimentaire, à l’insu de tous.
“Avec ce reportage photographique, j’ai tenté – tantôt en adoptant le point de vue d’Angela, tantôt par des portraits d’elle-même et de son entourage – de restituer les lieux et les ambiances d’un autre mode d’existence, parfaitement insoupçonnable pour tous ceux qui empruntent chaque jour le viaduc qui sépare la grande ville de ce petit monde invisible.”
Toute la force du travail d’Alessandro Imbriaco repose sur le trouble qui nous saisit à découvrir des images qui ne se présentent pas, de prime abord, sous les auspices du reportage social. Dans un univers végétal que l’on pourrait prendre pour une représentation transposée du jardin d’Éden, des êtres humains vivent et survivent dignement au sein d’une ville européenne du xxie siècle dans des conditions qu’on voudrait d’un autre âge…