Stéphane Steiner, Jérôme Robbe, Pauline Brun
Le Grand Ecart
Stéphane Steiner ne s’intéresse pas aux médiums pour ce qu’ils sont, ni aux oeuvres en tant que résultats de pratiques autonomes du reste du monde; mais en tant qu’outils de communication, du dessin à l’audiovisuel via la sculpture, la conception de ceintures, sous-vêtements, invasions d’insectes, traces de gastéropodes, articles funéraires, meubles, perruques, art culinaire, pipes-à -eau et godemichés compris. Son travail est un patchwork à tiroirs où le vieux côtoie le neuf et le futur dans un cocktail où les participants anticiperaient sur l’avenir avec des revenants, leurs discussions interrompues par des extraterrestres tentant de s’immiscer dans les débats sur l’architecture, le sexe, Descartes, la conquête de l’espace, les souvenirs personnels, Nietzsche, l’amour, sur ce que l’histoire a retenu de l’art, sur ce qu’il a retenu de son histoire, la mort, la mutation, l’immédiateté des échanges d’émotions dans la musique d’improvisation, sur les sadoo masoos, les derviches tourniqueurs et autres zèbrés technoîdes travelos transis….
De la peinture comprimée sous des plaques de plexiglas, geste abstrait et matiériste, à des tableaux de bouquets de fleurs, en passant par la reprise de motifs de tatouages de délinquants russes, de citations d’estampes japonaises ou de maniéristes italiens, la palette est large chez Jerôme Robbe. Tout participe chez lui à cette entreprise de déconstruction de la peinture pour bâtir des surfaces. Il s’attache autant à l’objet-tableau qu’au processus de peindre. Le tableau, quel qu’en soit la forme, doit être, selon lui, un véritable piège à regard. En appelant à la séduction, le déceptif, la gêne et le malaise, l’accumulation, le signe, l’écoeurement, les accidents,les gestes, les histoires, les techniques, les emprunts, il établit le tableau en espace de circulation du regard.
Pourtant, loin de ses glorieux aînés, il n’a pas peur des images, bien au contraire. Ce qu’il cherche dans chaque tableau, c’est bien l’image signifiante réconciliante. Car la question que pose la peinture de Jérôme Robbe, au delà d’une désormais classique interrogation des moyens de la peinture, est plutôt celle de la place du regardeur. Où se situe-t-on quand on regarde un tableau? Quelle est ma place? Du coup, l’utilisation récurrente de miroirs et autres matière réfléchissante type vernis renforce cette conviction qu’un tableau, n’est jamais rien d’autre qu’une surface de projection, sans mystère, sans au-delà .
Dans son expérience de la vidéo et de la sculpture, Pauline Brun confronte le corps à l’espace (en tant que mesure) et aux matériaux. Ses sculptures sont des constructions d’espaces blancs à échelle réduite. A l’image de l’atelier ou du White Cube, l’espace blanc est un champ de théâtralité, un lieu d’actions, le lieu d’un atterrissage.
Vernissage
Samedi 18 juin